Tebboune de retour au pays : les lourds dossiers qui attendent le chef de l’Etat
Par Kamel M. – Le président de la République est rentré ce mardi au pays, après plusieurs semaines de convalescence dans un hôpital berlinois. Abdelmadjid Tebboune s’était adressé à la nation dans un enregistrement vidéo pour rassurer sur l’évolution positive de son état de santé. «Je rentre dans deux ou trois semaines», avait-il dit.
L’apparition du chef de l’Etat avait notamment pour but de mettre fin aux folles rumeurs qui avaient circulé sur les réseaux sociaux et de confirmer que son absence ne signifiait pas une cessation de son activité. «Je suis les événements dans le pays d’heure en heure», avait-il déclaré, en précisant qu’il donnait régulièrement des instructions au Premier ministre, Abdelaziz Djerad.
Commentant la violation du cessez-le-feu par l’armée de Mohammed VI à Guergarate, la reprise des hostilités entre le Maroc et le Front Polisario et les dernières évolutions géostratégiques dans la région, Abdelmadjid Tebboune avait fait savoir que l’Algérie «est plus forte que certains le pensent», dans une mise en garde claire aussi bien au Makhzen et ses alliés qu’aux puissances étrangères qui se livrent une guerre par procuration en Libye.
Le retour du président de la République était annoncé plusieurs fois, mais il a été retardé vraisemblablement sur conseil de ses médecins. Le président du Conseil de la nation a fait savoir par deux fois que le retour de Tebboune en Algérie était «imminent». Dans le même temps, de nombreuses sources médiatiques ou d’intervenants réguliers sur les réseaux sociaux donnaient chacune une date en affirmant tenir leur information de sources «sûres», la présidence de la République ayant choisi de ne pas trop communiquer sur le sujet, donnant des bribes d’informations de façon éparse depuis le transfert du chef de l’Etat en Allemagne.
Le retour d’Abdelmadjid Tebboune au pays était impératif avant la fin de l’année en cours, le chef de l’Etat devant signer la loi de finances à Alger et en présence de l’ensemble des membres du gouvernement. Une obligation inscrite dans la Constitution et qu’il aurait été impossible au Président de contourner, certaines sources ayant affirmé qu’il aurait pu s’acquitter de cette responsabilité exclusive à partir de l’ambassade d’Algérie à Berlin. Faux, ont répondu des constitutionnalistes.
Un travail titanesque attend Abdelmadjid Tebboune. D’abord, un grand nettoyage dans les rouages de l’Etat, sans doute un large remaniement du gouvernement et la relance de la machine économique complètement grippée depuis près de deux années. Le président de la République aura également la difficile charge de ressouder le front intérieur face aux sérieuses menaces extérieures qui pèsent sur le pays. Une mission extrêmement difficile qui appelle une sorte de nouvelle réconciliation nationale qui passe inéluctablement par l’abandon de la mauvaise pratique héritée de Gaïd-Salah qui consiste à faire de l’emprisonnement et des procès interminables un nouveau mode de gouvernance.
De nombreuses voies appellent à la libération de tous les prisonniers politiques et à faire disparaître l’épée de Damoclès suspendue sur la tête des opérateurs économiques, tant privés que publics, pour en finir une fois pour toutes avec le tout-répressif et permettre à l’économie nationale moribonde de reprendre sur des bases saines. Les récentes garanties promises par le gouvernement aux investisseurs et aux dirigeants des entreprises étatiques sont un premier pas qui pourrait, souhaite-t-on, mettre fin au marasme qui menace la paix sociale.
La mission du président Tebboune à son retour s’annonce ardue, mais la volonté d’opérer des changements profonds est là, assure-t-on.
K. M.
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