Algérie : le pourrissement

A cause de la cupidité et de l'obstination dangereuse des aventuriers du clan présidentiel, qui pratiquent une fuite en avant suicidaire en imposant au peuple algérien, lors de la mascarade du 17 avril 2014, leur candidat dans l'incapacité physique, mentale et morale d'assumer ses lourdes fonctions et du bilan désastreux d'Abdelaziz Bouteflika dans de nombreux domaines, depuis avril 1999, l'Algérie accumule aujourd'hui les indices de vulnérabilité. Les plus graves, qui constituent des menaces sérieuses sur la cohésion, la stabilité, la sécurité et l'unité nationales, sont :
1- Une privatisation sauvage de l'outil de production public, non négligeable, qui existait en Algérie dans les années 1970/80, dont les entreprises ont été souvent cédées au dinar symbolique aux amis et aux protégés algériens et étrangers. Ce qui a aggravé le caractère mono-exportateur de l'économie algérienne, renforcé sa dépendance des importations, dans tous les domaines et réduit considérablement la sécurité alimentaire et technologique du pays et la souveraineté nationale.
2- Une exploitation, un bradage et un pillage effrénés des ressources naturelles non renouvelables du pays et une dilapidation des ressources financières considérables qu'elles lui ont rapportées, grâce à une conjoncture favorable des prix des hydrocarbures, dans des projets de prestige coûteux, souvent bâclés et inachevés, aux niveaux local et national.
3- Un népotisme et un régionalisme, qui frisent le racisme, et une corruption généralisée, favorisée par la mauvaise gestion des finances publiques.
4- La propagation de maux et fléaux sociaux graves, qui minent la société algérienne et notamment sa jeunesse, livrée à un chômage chronique dévastateur. En effet, depuis l'avènement d'Abdelaziz Bouteflika en 1999 et son maintien au pouvoir, dans les conditions scandaleuses que l'on sait, plus de 800 000 jeunes Algériens et Algériennes ont fui le pays, légalement ou illégalement, dont 200 000 cadres, cadres moyens et ouvriers spécialisés.
5- Une école, une université et une culture sinistrées, qui collectionnent les mauvais classements.
En tout état de cause, ce pourrissement grave de la situation politique, économique, sociale et culturelle algérienne rend nécessaire et urgent un sursaut national pour sortir notre pays de l'impasse mortelle dans laquelle l'a plongé sa mauvaise gouvernance par les aventuriers du clan présidentiel. Sinon, l'Algérie, qui est convoitée pour son immense et riche territoire, hélas régie par une mentalité clanique archaïque, ne sera pas à l'abri d'ingérences voire d'interventions étrangères avec leur lot de division et de destruction. Au-delà donc des visites des dirigeants étrangers, qui se succèdent à Alger et des déclarations protocolaires flatteuses auxquelles elles donnent généralement lieu, souvent à la demande de leurs hôtes, les consultations entreprises récemment par les représentants de l'Union européenne en Algérie, avec les différents acteurs de la scène politique et de la société civile algérienne, montrent clairement leur inquiétude concernant l'évolution de la situation en Algérie, à la lumière de la dérive régionaliste et dictatoriale d'Abdelaziz Bouteflika et de son clan de prédateurs.
«Halat lebled kima halat Bouteflika» (L'état du pays est à l'image de celui de Bouteflika).
Cette réflexion spontanée et désabusée d'un vendeur informel de fruits et légumes, qui tient étalage dans une ruelle de la «karya» (village) de Dar El-Beida, résume bien la situation prévalant actuellement en Algérie.
Rabah Toubal
 

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