Comment Mohammed VI «offre» les terres de ses sujets contre les «dons» du Golfe
Des organisations marocaines des droits de l'Homme dénoncent l’intensification par le ministère marocain de l’Intérieur des opérations d’expropriation de terres pour répondre à la demande croissante en foncier des pays du Golfe. Des opérations menées en force, puisqu’elles n’ont, d’après ces ONG, aucun fondement juridique. Ces ONG marocaines s’élèvent en effet contre de récentes réunions organisées par le ministère de l’Intérieur pour «lancer un dialogue national sur le thème des terres collectives et tribales dans le but de réformer le cadre législatif et d’améliorer les procédures de gestion de ces terres collectives par les acteurs sociaux et politiques qui soient crédibles». Pour ces ONG, c’est une duperie, puisque les invités à ces réunions sont désignés par ce même département ministériel qui est la source du problème en sa qualité de «meneur» des expropriations à tout-va, dépossédant les Marocains de leurs terres pour assouvir les désirs des monarques du Golfe. «C’est ce ministère qui complique encore plus la gestion de ces terres et qui porte sérieusement atteinte à la cohésion sociale des communautés soulaliyates, et, par conséquent, nuit aux intérêts des ayants droit qu’il pousse à plus d’exode rural», fulminent ces organisations qui font état d’une superficie de presque 15 millions d’hectares visée par ces expropriations. Une superficie énorme qui renseigne sur la considération et le respect que les dirigeants marocains ont pour leur peuple. Pour mieux étayer leurs propos, ces ONG marocaines mettent en avant le cas d’une extrême gravité de Mme Halima Idrissi, représentante de la tribu Aït Lahcen, dans la province de Khémisset. «Convoquée par le gouverneur de sa province afin d’essayer de jouer le rôle d’intermédiaire pour faciliter la résolution d’un problème de leur terrain inscrit à la propriété foncière sous le numéro 4367, celle-ci, travaillant dans une autre ville, en venant chez elle, s’est retrouvée au cœur d’un tabassage organisé de la part de la gendarmerie, d’une tentative de viol et au centre d’un procès judiciaire contre elle, avec une condamnation à un an et demi de prison après avoir été réprimée sévèrement et déshabillée devant les membres de sa tribu afin de la déshonorer publiquement», ont relevé ces organisations de défense des droits de l’Homme, consternées. Les cas de Marocains expropriés de leurs terres de manière violente sont nombreux. Pour ces ONG marocaines, le ministère de l’Intérieur applique la «loi de la terreur» pour étouffer toute velléité de résistance à ses décisions arbitraires. «Les nouveaux gouvernants et les notables ruraux ont continué l’œuvre de la colonisation en expropriant de plus en plus les terrains collectifs», ont-elles conclu. Ainsi, après avoir vendu les entreprises et donné les marchés aux puissances étrangères et à ses amitiés, le roi Mohammed VI est en train de vendre les terres de son pays et entasse son peuple dans des gourbis, dans des conditions souvent inhumaines. Au rythme où vont les choses, bientôt les Marocains n’auront plus de terres dans leur propre pays. Cela, pendant que les dirigeants de ce pays multiplient les acquisitions foncières et immobilières en Occident au profit de leurs progénitures.
Rafik Meddour