Déclaration de guerre, financement des terroristes au Sahel, campagne enragée : que cherche le Maroc ?
Le rôle exact qu’ont joué les deux Canadiens impliqués dans l’attaque terroriste de Tiguentourine, à In Amenas, est resté pendant longtemps une énigme. Très peu d’informations avaient circulé sur le parcours qui les a amenés à intégrer la nébuleuse terroriste salafiste aux fins fonds du Grand Sahara. Les autorités canadiennes s’étaient toujours montrées circonspectes sur ce sujet. Mais les dernières révélations dissipent les doutes sur l’implication avérée des services secrets marocains dans l’attaque du site gazier algérien. Ainsi, l’information rapportée par la chaîne de télévision publique canadienne CBS, et reprise par les agences de presse, hier samedi, rapportant le séjour des deux terroristes canadiens au Maroc en 2011, confirme que Rabat a une part active dans le recrutement des terroristes au sein du groupe qui a pris d’assaut le complexe gazier algérien, le 16 janvier dernier. Le Maroc a déjà eu à propulser le Mouvement pour l’unité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), dont est issu le groupe des «Signataires par le sang» de Mokhtar Belmokhtar qui a revendiqué la prise d’otages. Le déploiement des deux djihadistes canadiens ne laisse aucun doute sur leurs motivations qui correspondent à celles du Mujao qui, rappelons-le, a d’abord tout fait pour saborder le processus de paix initié par Alger pour résoudre la crise malienne, avant d’échauder ce plan d’attaque hautement stratégique contre un pays, l’Algérie, qui, pourtant, n’était pas impliqué dans l’opération de reconquête lancée par l’armée française dans le Nord-Mali. Le Maroc était soupçonné de manipuler les groupes islamistes armés, dont ce groupuscule dissident d’Aqmi, dans ses folles projections expansionnistes dont il ne se cache même plus, surtout vis-vis de la Mauritanie et de l’Algérie. La dernière sortie du président de l’Istiqlal sur la volonté de son pays de «reconquérir» Tindouf et Béchar est à inscrire dans ce contexte d’hostilité permanente. Cela avait déjà amené les Marocains, dès 1994, à entrer de plain-pied dans la guerre menée contre l’Algérie, en essayant de récupérer un des premiers chefs du GIA, Abdelhak Layada, qui s’était rendu au Maroc pour acheter des armes pour les maquis terroristes, et en participant à la campagne d’isolement de l’Algérie sur la scène internationale, en imputant l’attentat de Marrakech aux services algériens. Les Marocains n’ont pas changé.
R. Mahmoudi
Comment (40)