Des journalistes américains empêchés de prendre des notes lors d’une rencontre Biden-Mohammed VI

La presse américaine est furieuse contre le Makhzen pour ne pas avoir autorisé les journalistes qui accompagnaient le vice-président Joe Biden, en visite au Maroc, à assister à la rencontre protocolaire avec le roi Mohammed VI et s’interroge sur les raisons de cette interdiction. Karen DeYoung, un journaliste du Washington Post, qui voyage avec Joe Biden, a écrit dans son article que les médias ont été autorisés à prendre brièvement des photos de Biden et Mohammed VI, mais qu’il leur a été interdit par la sécurité du roi de prendre des notes. Le président de l'Association des correspondants de la Maison-Blanche, Christi Parsons, trouve «inacceptable pour le roi Mohammed VI du Maroc de demander aux journalistes de ne pas prendre des notes sur une rencontre entre lui et le vice-président américain Joe Biden». Dans un communiqué remis au Washington Examiner qui a répercuté l’information, il estime que les journalistes ne doivent pas être entravés dans l'exercice de leurs fonctions. Il précise que, dans ce cas, il s’agit d’un pool de journalistes sélectionnés par la Maison-Blanche pour couvrir des activités publiques et envoyer leurs comptes-rendus aux professionnels des médias. L’interdiction de prendre des notes, signifiée par le Makhzen aux journalistes qui accompagnent le vice-président des Etats-Unis dans sa visite au Maroc, a été perçue comme un camouflet dans la presse américaine et a soulevé l’indignation, mais aussi l’incompréhension face à cette décision jugée surprenante. Une telle situation est sans précédent, ont fait observer des journalistes qui ont l’habitude d’accompagner les dirigeants de la Maison-Blanche dans leurs tournées à l’étranger. Le vice-président américain Joe Biden a fait escale au Maroc, dans sa route vers l’Ukraine et la Turquie. Le prétexte de la présence du vice-président américain à Marrakech a été la cérémonie d'ouverture officielle du 5e Sommet global de l'entrepreneuriat réuni au Maroc. Mais la véritable raison est bien plus grave et a un rapport direct avec la menace terroriste créée par Daech. Dernièrement, des informations diffusées par des médias marocains ont évoqué le risque que la base stratégique des Forces armées royales marocaines (FAR), située à Benguerir, dans la région de Marrakech, justement, soit infiltrée par le groupe terroriste Daech. Six soldats de cette base militaire, enrôlés par l’Etat Islamique, ont été arrêtés par la gendarmerie de Marrakech qui a procédé à leur interrogatoire. La base de Benguerir, une des plus importantes du royaume, reçoit fréquemment des militaires de pays occidentaux dans le cadre d’exercices, de stages de préparation pour des missions en Irak ou en Afghanistan ou en tant que formateurs des soldats marocains. Si les journalistes américains ont été empêchés d’assister à la rencontre entre leur vice-président et le roi du Maroc, ce n’est sans doute pas à cause des échanges autour du 5e Sommet global de l’entrepreneuriat, mais plutôt de Daech qui, aux dires de la presse marocaine, séduit de plus en plus les militaires marocains, ce qui ne peut laisser Washington dans l’indifférence.
Houari Achouri
 

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