L’État islamique suspecté de produire ses propres armes chimiques

L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a assuré mardi que l'État islamique fabrique des armes chimiques en Syrie et en Irak. Un faisceau d'indices rend cette perspective crédible. «Ils ont la technologie, le savoir-faire et l'accès aux substances». Selon Ahmet Üzümcü, directeur général de l'OIAC, les cadres de l'État islamique ont tout ce qu'il faut pour fabriquer leurs propres armes chimiques. Pire : «Il y a de forts soupçons» que les combattants djihadistes aient déjà pu avoir recours à ces outils de mort. Les enquêteurs de l'organisation se font l'écho depuis plusieurs mois du recours à ces armes sur le théâtre d'opérations de Daech. Le 9 mars dernier, une attaque chimique sur la ville de Taza, dans le nord de l'Irak, imputée à l'État islamique contre les Kurdes, avait tué trois enfants et blessé 1.500 personnes. «Les Kurdes rapportent de nombreux cas de nausées et de brûlures dans leurs affrontements contre Daech», confirme au Figaro Myriam Benraad, chercheuse spécialiste de l'Irak, associée notamment au CERI-Sciences Po, auteur de nombreux ouvrages. «Ils demandent à présent des masques à gaz aux États-Unis. Tout cela tend à établir l'usage de gaz moutarde par les djihadistes», explique-t-elle. «Il y a tout un faisceau d'indices qui rend probable leur emploi d'armes chimiques», déclare la chercheuse, qui rappelle que le gaz moutarde ou le chlore ne constituent pas pour autant des «armes de destruction massive». «Parmi l'arsenal de l'armée irakienne récupéré par les insurgés lors de leur coup de force de 2014, il y avait déjà du gaz moutarde. Sans compter ce qui a pu être subtilisé à la chute de Saddam Hussein», précise Myriam Benraad.
 

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