Air Algérie ou Air France ?
Par Kamel Moulfi – Une nouvelle fois, les Algériens ont été contraints de s’orienter vers les chaînes de télévision françaises, spécialisées dans l’information en continu, pour savoir ce qui s’est passé à propos de l’avion espagnol affrété par Air Algérie qui devait relier Ouagadougou à Alger. Ils ont pu avoir non seulement les informations, mais aussi les explications et les éclairages donnés par des professionnels et des experts. Pourquoi nos chaînes de télévision, publiques et privées n’ont pas fait ce travail ? Ce défaut de communication en Algérie concerne, en fait, surtout, les milieux officiels. On a vu sur les chaînes françaises, le secrétaire d’Etat aux Transports puis le ministre des Affaires étrangères et, enfin, même le président de la République, français bien entendu, intervenir en direct pour parler de cette «tragédie majeure» telle que l’a qualifiée Laurent Fabius. Chez nous, ces interventions ont été furtives, presqu’accessoires, et tardives, par certains côtés confuses. Pourtant, l’Algérie est en plein dans cet événement, puisqu’il s’agit d’un vol d’Air Algérie, même si l’avion a été affrété auprès d’une compagnie espagnole, et parmi les passagers, six sont algériens, avec destination l’aéroport international Houari-Boumediene d’Alger. Il ne fait aucun doute que les services de l’Etat dont c’est la prérogative ont réagi avec la célérité exigée par ce type d’accident, de surcroît dans une région sensible, le nord du Mali, dans laquelle l’Algérie investit, en ce moment, des efforts de paix difficiles à faire aboutir. Ce qui pourrait expliquer leur prudence à communiquer, voire leur discrétion totale. Mais cela ne justifie pas la carence en communication des autres canaux officiels. Ce fait révèle plutôt le mépris dans lequel est tenu le citoyen algérien, à croire qu’il ne mérite pas d’être informé comme dans les autres pays. Comment lui reprocher alors de marquer, en retour, son indifférence quand le pouvoir tente, de diverses façons, de renouer le lien avec lui.
K. M.
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