Ça sonne faux
Par Kamel Moulfi – L’enlèvement, dimanche soir en Kabylie, d’un touriste français par des éléments présentés comme affiliés à Daech laisse apparaître trop d’indices du «coup monté» pour ne pas penser à un acte «commandé» pour les besoins d’une médiatisation qui a été mise en place au service d’objectifs faciles à deviner dans le contexte actuel. Dès son annonce, l’enlèvement a soulevé des premières interrogations qui font planer le doute sur cette action terroriste. Comment se fait-il, en effet, qu’un professionnel de la montagne aguerri, c’est le cas de le dire, puisse se laisser aller aussi facilement vers un piège qui saute aux yeux, puisque la zone concernée est connue pour avoir été le théâtre de nombreux enlèvements commis par les groupes terroristes dont l’éradication n’a pas encore été menée à son terme ? Ou alors était-ce le terrain le mieux indiqué pour une telle opération, si elle a été préméditée ? Comment expliquer le temps mis pour diffuser l’information alors que des témoins de l’enlèvement, ceux qui accompagnaient le Français, n’ont pas été retenus par les ravisseurs ? Les acteurs français, politiques et médiatiques, sont entrés dans l’événement pour amplifier sa dimension. L’enlèvement du Français n’a pas dérogé à la règle de la revendication qui lui donne sa signification et à l’ultimatum lancé pour concentrer l’attention sur cet acte criminel. Dans tous les cas, c’est visiblement moins la France que l’Algérie qui est le pays visé dans une tentative de la rendre vulnérable au terrorisme et de porter atteinte à la stabilité qui la caractérise et qui fait sa différence avec les autres pays de la région. Les plus profanes d’entre les observateurs n’hésitent pas à considérer cette opération comme une volonté cachée d’amorcer le retour du terrorisme en lui créant des motivations en rapport avec ce qui se passe hors de nos frontières. Les spécialistes y voient un acte qui sert parfaitement l’obstination de Paris à entraîner notre pays dans la guerre contre Daech, introduit chez nous dans ce but.
K. M.
Comment (43)
Les commentaires sont fermés.