Jouissance simulée
Par M. Aït Amara – Piqué au vif – comme nous, du reste – par le rapport tendancieux de RSF sur la situation de la liberté de la presse dans le monde, le Syndicat national de la presse marocaine a exprimé son «étonnement» de voir le Maroc classé «loin derrière l'Algérie», rejoint dans son hébètement par les patrons de [la] presse du couchant qui trouvent «surprenant que l'Algérie soit mieux classée que le royaume». Les trois points cardinaux autres que l’est étant inexistants dans l’imaginaire collectif de nos voisins chérifiens, cancres en géographie, il ne leur reste que l’Algérie pour s’y regarder comme un rachitique se regarde dans un miroir grossissant. Pourtant, ce classement du Maroc loin derrière l’Algérie est sans doute le seul point sur lequel RSF a vu juste. Fatiguons-nous à essayer de rappeler quelques vérités à ces gratte-papier qui jouent les offusqués : les journalistes algériens ont acquis leur liberté au prix d'un lourd tribut – près de 100 journalistes tués par les terroristes ; leur courage fait que leur combat, la plume en bandoulière, est incomparable avec la veulerie des plumitifs ancrés au Makhzen par peur ou par intérêt. Les journalistes algériens n'ont pas attendu que le système hermétiquement fermé de Bouteflika accorde des autorisations pour créer des chaînes de télévision et des journaux électroniques, insidieusement bannis du «champ légal» bien qu'ils existent et soient, parfois, plus influents et plus percutants que la presse classique. Aucun journaliste n'est inquiété en Algérie, malgré des dérives tellement graves qu'elle sont dénoncées jusque dans la corporation. Et, si cela devait arriver, les journalistes algériens se seraient soulevés contre une improbable atteinte à leur liberté. Sur ces entrefaites, à l’ouest, les écrivassiers se complaisent dans une fausse audace dont ils simulent la jouissance, mais dont les positions hérautiques trahissent une sècheresse imaginale due à un usage abusif de contraceptifs neuronaux dans leurs rapports textuels avec leur roi.
M. A.-A.
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