Sahara Occidental : Mohammed VI a-t-il graissé la patte à la Croix-Rouge ?
Sadek Sahraoui/Agences – Plus d’une centaine d’ONG ont signé une lettre ouverte au président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour qu’il dépêche des délégués auprès des prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik, condamnés à de lourdes peines par un tribunal marocain, en juillet dernier, dans un procès décrié par l’ensemble de la communauté internationale.
La missive a été signée par 101 ONG et associations dont le Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), Adala UK (United Kingdom of Great Britain and Northern Ireland), l’Association américaine des juristes (AAJ), l’Association des amis du peuple sahraoui aux Baléares (Espagne), le Bureau international pour le respect des droits de l’Homme au Sahara Occidental (BIRDHSO), le Comité pour le respect des libertés et des droits humains au Sahara Occidental (Corelso) et la Fondation France libertés et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP).
«Le CICR a été sollicité à de nombreuses reprises. On nous répond toujours oui, mais aujourd’hui, nous lançons cet appel pour que le CICR remplisse enfin sa mission auprès des 19 militants sahraouis emprisonnés injustement depuis sept ans dans les prisons marocaines», a déclaré Gianfranco Fattorini, de l’Association américaine des juristes (AAJ), lundi à Genève.
Les observateurs commencent à se poser la question de savoir si le Maroc n’a pas graissé la patte des responsables du CICR. L’inaction du Comité vis-à-vis de la question sahraouie n’est pas normale. Pour dissiper le doute, l’Association américaine des juristes (AAJ), en collaboration avec le Bureau international pour le respect des droits de l’Homme au Sahara Occidental, a adressé une lettre ouverte à Peter Maurer, président du CICR, pour qu’une délégation rende enfin visite à ces prisonniers, condamnés par un tribunal marocain en juillet dernier à de lourdes peines de réclusion en appel à la suite d’un procès jugé inique et injuste par des organisations de défense des droits de l’Homme et les défenseurs de la cause du Sahara Occidental, occupé par le Maroc depuis plus de 40 ans.
Le CICR «est concerné à plusieurs titres par le sort de ces prisonniers. D’abord, parce que le Sahara Occidental est considéré depuis 1963 comme territoire non autonome par les Nations unies et ensuite parce que l’Assemblée générale de l’ONU affirme également depuis 1979 qu’il s’agit d’un territoire occupé par le Maroc. De ce fait, le Sahara occidental bénéficie d’une protection spécifique au titre du droit international humanitaire», explique l’AAJ. «L’une des missions du CICR est de faire respecter ce droit en interpellant les Etats. Les individus arrêtés et jugés doivent être considérées comme des personnes protégées conformément à l’article 4 de la IVe Convention de Genève», martèle Gianfranco Fattorini. La mission du CICR «est donc de rendre visite à ces personnes et d’attirer l’attention du Maroc sur son obligation de respecter le droit humanitaire», précise l’AAJ. «Pour l’instant, alors que le CICR a ouvert récemment un bureau à Rabat, nous n’avons eu vent d’aucune visite ni d’aucun progrès sur place», déplore pour sa part Christiane Perregaux, membre du Comité suisse de soutien au peuple sahraoui.
S. S./Agences
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