Afghanistan : les Américains face au syndrome du Vietnam
Malgré les lourdes pertes en vies humaines infligées à la soldatesque US en Afghanistan bien peu de médias «téméraires» osent parler de «défaite militaire» sur le terrain. Comme s’il s’agissait d’exorciser le «syndrome du Vietnam» qui a longtemps traumatisé le peuple américain. C’est, semble-t-il, ce fantôme du passé qui hante aujourd’hui les soldats américains impliqué dans des scandales qui se suivent et ne se ressemblent pas. Après avoir suscité la polémique avec la diffusion sur Internet d'une vidéo montrant des militaires américains urinant sur des cadavres de taliban, brûlé le Coran et posé à côté d'un drapeau nazi, on ne sait pas encore quelle turpitude ou autre exaction vont pouvoir trouver les Marines pour venir à bout de leur «mal afghan». Il est même à craindre que de retour chez eux, les militaires américains versent dans la violence la plus sordide. Et dans cette spirale d’enfer, les taliban ne sont pas en reste : les taliban ont tué neuf Afghans dans un attentat suicide visant une base de l'Otan en représailles à l'incinération de Corans par des militaires américains il y a une semaine, lundi ayant été la première journée sans émeute en Afghanistan depuis que le scandale a éclaté. Le bilan de l’attentat kamikaze ayant visé l'entrée principale de l'aéroport de Jalalabad, qui abrite l'une des bases militaires aériennes les plus importantes de la force internationale de l'Otan est monté à quarante morts. Les taliban ont immédiatement revendiqué cette attaque qu’ils disent avoir perpétrer en «réponse à l'incinération du Coran». Cet aéroport protégé par un impressionnant dispositif de sécurité des forces américaines est régulièrement attaqué par les insurgés. L'attaque menée lundi est la quatrième depuis juin 2010. Si aucun soldat étranger n’est mort dans ce terrible attentat-suicide, la liste des soldats américains tués en Afghanistan s’allonge inexorablement au point où de nombreux parents exigent désormais des autorités américaines l’édification d’un mémorial aux États-Unis en souvenir de leurs enfants perdus dans les contreforts de l’Afghanistan. Si l’histoire se répète, les stratèges du Pentagone semblent n’en retenir aucune leçon. A Washington, les officiels US semblent, pour l’heure, plus préoccupés par les conséquences politiques du conflit afghan sur les prochaines élections que sur les effets néfastes qu’il produit sur les troupes. Bien sûr, trop peu se soucieront du sort des populations afghanes confrontées à la dévastation de leur pays.
Aïcha K.