Une ONG française exige «une véritable reconnaissance» des crimes coloniaux
Face à la montée du néocolonialisme en France, des voix s’élèvent pour exiger des autorités de cette ancienne puissance coloniale de faire acte de repentance en reconnaissant officiellement les crimes commis durant l’époque coloniale. L’un de ces courageux appels à la repentance, dans un contexte politique marqué par la résurgence des partisans de l’Algérie française très présents et offensifs sur le plan médiatique, vient de la Ligue française des droits de l’Homme (LDH) qui considère que cinquante ans après, «le temps est venu de poser enfin un regard apaisé sur la fin tragique de la période coloniale de notre histoire». Défendant les valeurs humaines qui ont fait de la France un grand pays, le LDH ne voit de salut que dans la reconnaissance de ce «lourd» et «dramatique» passé colonial. «Seule une telle reconnaissance permettra, enfin, de tourner cette page tragique de notre histoire et de construire avec les peuples du sud de la Méditerranée un avenir de paix et de progrès», souligne-t-elle dans un communiqué à l’occasion de la commémoration du 19 Mars 1962. Cette année, qui marque un demi-siècle d’indépendance de l’Algérie, ne doit pas, pour cette organisation, servir les nostalgiques de la colonisation qui cherchent à imposer leur vision partiale et partielle de l’Histoire, mais plutôt à permettre aux deux pays de tourner cette triste page du passé et refonder leur relations sur des bases solides, sans passion ni ressentiment. La LDH condamne, dans ce sillage, avec fermeté «les forces politiques qui, dans un but électoraliste, encouragent les nostalgiques de la colonisation». Elle dénonce vivement «le maire de Nice, Christian Estrosi, qui a tenté, les 10 et 11 février dernier, d’empêcher la tenue d’un colloque organisé par la section locale de la Ligue des droits de l’Homme sur le thème «Algérie 1962, pourquoi une fin de guerre si tragique ?», au motif qu’il ne s’inscrivait pas dans «l’esprit» de la commémoration que sa municipalité organise. Elle fustige également des élus de l’UMP et du Nouveau centre, maires, députés, sénateurs et conseillers généraux, qui se soient joints, le 10 mars dernier à Nîmes, aux agitateurs du Front national et aux anciens de l’OAS pour tenter de s’opposer à la tenue d’un colloque d’historiens consacré par un collectif d’associations dans les locaux du conseil général du Gard à «la Fédération de France du FLN (1954-1962)». De tels comportements sont «inacceptables», estime cette organisation qui demande aux plus hautes autorités de la République de reconnaître que la colonisation de l’Algérie, tout comme la guerre qu’ont menée les autorités de l’époque pour tenter de s’opposer à l’indépendance algérienne, «se sont accompagnées de pratiques qui n’ont cessé de tourner le dos aux principes des droits de l’Homme».
Sofiane B.
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