Exécution de Merah : les dessous d’une opération «ratée»
L’affaire Mohamed Merah a tout l’air de tourner au racisme. De plus en plus d’observateurs s’interrogent, maintenant que le terroriste français a été abattu par les policiers du Raid, sur les visées réelles qui ont poussé les décideurs à faire durer le suspense et à focaliser l’opinion publique française sur cet événement malheureux plusieurs jours durant. Dans un entretien à notre confrère arabophone El Khabar, l’ancien patron de la DST, Yves Bonnet, corrige le tir et explique que l’acte criminel de Mohamed Merah n’a rien à voir avec ses origines algériennes. De son côté, le théologien Ghaleb Bencheikh a estimé, dans les colonnes du même journal, que l’affaire Merah allait crisper davantage les relations entre les différentes communautés établies en France. Cette autre information, tombée comme un cheveu sur la soupe et signée AFP, accentue le doute sur les véritables raisons qui ont conduit à retarder l’assaut de plusieurs jours et à éliminer Merah au lieu de le neutraliser et l’arrêter vivant. L’agence de presse gouvernementale française rapporte, en effet, qu’aussi bien les autorités pakistanaises et afghanes que les responsables militaires de l’Otan et des Etats-Unis n’ont connaissance d’un quelconque séjour de Mohamed Merah au Pakistan et en Afghanistan. D’autre part, le fondateur du GIGN, ce corps d’élite relevant de la gendarmerie française et spécialisé dans l’action antiterroriste, s’en est vivement pris aux responsables de «la meilleure unité de la police» qui «n’a pas réussi à arrêter un homme tout seul». Pour Christian Prouteau, la police aurait dû tendre une souricière et attendre que Merah sorte pour l’intercepter. Pourtant, s’étonne-t-il, les moyens d'appréhender le terroriste retranché dans son appartement sans attenter à sa vie existent, selon l’expert français : «Il fallait le bourrer de gaz lacrymogène. Il n'aurait pas tenu cinq minutes. Au lieu de ça, ils ont balancé des grenades à tour de bras. Résultat : ça a mis le forcené dans un état psychologique qui l'a incité à continuer sa guerre.» «En soixante-quatre opérations menées par le GIGN sous mon commandement, il n'y a pas eu un mort», indique-t-il. Pourquoi le terroriste Mohamed Merah a-t-il été tué après trois jours de saturation médiatique concentrée sur ses origines algériennes ? Les résultats de la toute proche élection présidentielle française nous le diront.
M. Aït Amara
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