Spectacle de marionnettes sur la chaîne Al Jazeera
En se faisant interviewer par Ahmed Mansour sur la chaîne de dérision Al Jazeera, c’est comme si Hamad Ben Jassim, le Premier ministre qatari, se parlait dans un miroir. Une espèce de tour de ventriloque où on fait bouger les lèvres d’une marionnette pour faire croire qu’elle parle ; un vaudeville incarné par un bourgeois pédant jouant au gentilhomme face à un comparse pudent payé pour faire l'auguste. La série d’interviews étalées sur plusieurs semaines pour faire durer le plaisir a ceci de particulier que les réponses sont préparées avant les questions. C’est un Ahmed Mansour effacé qui fait mine d’oser des sujets qui fâchent. En face, c’est un dignitaire aux dents écarlates qui aligne des antonymes pour dire tout le contraire de la vérité. Pour le serviteur de «son altesse» – il nous en sert à tire larigot ! -, le Qatar serait un pays souverain qui déciderait quand il le voudrait de la fermeture de la base américaine effrontément installée à Doha, qui n’autoriserait jamais des frappes contre un pays arabe ou musulman à partir de cette base, qui œuvrerait à répandre la démocratie dans les pays arabes qui étoufferaient sous le poids de la dictature…
Ahmed Mansour, qui s’était fait traiter, à juste titre, d’insolent et d’agent de la CIA par le dirigeant palestinien Saeb Oreikat, n’a pas reçu dans son canevas de fausses questions des interrogations sur la fortune de «son altesse», sur la mainmise de l’épouse de «son altesse» sur les richesses du pays, sur les relations privilégiées de «son altesse» avec l’Etat sioniste, sur l’illégitimité du règne de «son altesse» arrivé au pouvoir par un coup d’Etat contre son propre père qu’il saluait le matin même au pied de l’avion avant son départ sans retour…
Guignol et Gnafron annoncent un spectacle sur les «révolutions arabes» pour vendredi. Préparons nos enfants.
M. Aït Amara
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