Algérie Télécom : Benhamadi a eu le dernier mot
Le ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, Moussa Benhamadi, est parvenu au bout de ses peines en mettant fin aux fonctions du PDG d’Algérie Télecom, Hachemi Belhamdi. En effet, une cérémonie de passation de consignes s’est déroulée, samedi à 15h, au siège social d’Algérie Télécom, entre le désormais ex-PDG d’Algérie Télécom et son successeur, en l’occurrence le directeur général de Mobilis, Azouaou Mehmel.
Selon des sources internes au ministère de la Poste et des Technologies de l’information et de communication, Moussa Benhamadi n’a pas digéré l'échec qu’il a subi dans l’affaire du «limogeage-réintégration» du président-directeur général d’Algérie Télécom, Hachemi Belhamdi. De ce fait, il a actionné ses relais pour faire valoir sa décision «irrévocable» de se séparer de Belhamdi. Selon des confidences qu’il a faites à son proche entourage, il y allait de sa crédibilité de faire aboutir sa décision de crainte d’être pris pour un trois-quarts de ministre. D’ailleurs, c’est le deuxième camouflet essuyé en trois mois. Déjà, en janvier dernier, Benhamadi avait pris la décision de mettre fin aux fonctions de l’actuel président-directeur général d’Algérie Poste, Mohamed El-Aïd Mahloul, avant de se voir intimer l’ordre de l’annuler et de confirmer ce dernier dans son poste. Ce qui s’est passé, aussi, pour le PDG d’Algérie Télécom, Hachemi Belhamdi, il y a près de deux semaines. Selon des sources proches de l’opérateur historique, ce dernier a été relevé de ses fonctions suite à un appel téléphonique qu’il a reçu de Moussa Benhamadi lui demandant, par la même occasion, de préparer la cérémonie de passation de consignes avec le directeur général de Mobilis, Azouaou Mehmel, le lundi dernier à 10h. Le jour de la tenue de cette cérémonie pour laquelle avaient été conviés les membres du conseil d’administration et les directeurs centraux d’Algérie Télécom, le secrétaire général du ministère de la Poste et des TIC, en tant que représentant du ministre, Azouaou Mehmel et Hachemi Belhamdi, ce dernier s’excusa auprès des présents et quitta la salle de réunion pour répondre à un appel téléphonique. Dix minutes plus tard, il regagna la salle et annonça à l’assistance que la cérémonie de passation de consignes était ajournée : «Je dis bien ajournée», accentua-t-il.
Pour justifier la mise à l’écart de Hachemi Belhamdi, des cercles au sein du ministère de tutelle avancent que l’enquête d’habilitation concernant Belhamdi n’a pas été concluante. Si c’était le cas, pourquoi le ministre a-t-il reçu un appel d’un haut fonctionnaire d’Etat l’instruisant de revenir sur sa décision ? L’autre raison avancée est que le plan de développement d’Algérie Télécom adopté pour l’exercice 2012 n’a pas connu de lancement à ce jour. A ce sujet, M. Belhamdi rejette la responsabilité sur le ministère de tutelle qui a tout centralisé à son niveau. Conforté dans sa position, M. Belhamdi a exigé de son ministre une lettre le réhabilitant dans ses fonctions ; une sorte de mea culpa que Moussa Benhamadi devait faire en la circonstance. Face à une situation qui ne présageait rien de bon, il a été décidé, en dernier ressort, d’accéder à la demande de Moussa Benhammadi pour ne pas paralyser Algérie Télécom.
Le ministre s’est encore une fois substitué au conseil d’administration, seul organe habilité à relever le PDG de ses fonctions. Ce qui pose la sempiternelle question de savoir si nos entreprises publiques sont réellement autonomes.
Adel Hakimi
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