Législatives : quand Abdelmadjid Menasra se sert des morts
Pour réussir sa campagne électorale, Abdelmadjid Menasra est prêt à tout, même à convoquer les morts de leur tombe. Après avoir fondé son propre parti, Front du changement (FC), sur le dos de son ancienne formation politique, le MSP, il compte, sans vergogne, utiliser à outrance la carte de son ancien maître, le défunt Mahfoudh Nahnah. Ainsi, le chef de ce nouveau parti islamiste, qui veut dès maintenant jouer dans la cour des grands, entame sa campagne électorale du domicile de feu Nahnah, décédé en 2003, pour signifier à la base militante sa fidélité à la ligne directrice de son «père spirituel». Il s’agit pour le président du FC d’un «retour aux sources» pour «mieux provoquer le changement». Mais de quel changement parle-t-il, lui qui a bâti son parti sur la dissidence d’un autre ? De quel changement parle-t-il, lui qui affirme être sur les traces du père fondateur de son ex-parti, le MSP ? Pour Menasra, le changement, c’est d’abord et avant tout «se débarrasser des vieux réflexes». Mais quels vieux réflexes ? L’entrisme politique, dont la propriété intellectuelle revient au défunt Nahnah. Sûrement pas pour cet ancien ministre connu pour ne pas résister à la tentation. Comme Nahnah, Menasra s’inspire des conservateurs crypto-islamistes. Son projet se résume au renforcement de l’«identité islamique» de l’Algérie qu’il considère «menacée» et au développement de la langue arabe qu’il trouve «encore minorée», cinquante ans après l’indépendance. Son ancien parti le MSP, descendant direct d’El-Mouwahiddoun (organisation clandestine créée par Mahfoud Nahnah dans les années 1970) est convaincu, comme les Frères Musulmans en Egypte, que «l’islam doit retrouver sa place légitime dans le pays». Ainsi, au MSP ou à la tête du FC, Menasra reste égal à lui-même. Et le changement qu’il dit prôner n’est en réalité qu’un slogan creux qu’il abandonnera dès que la victoire électorale lui sourirait. Mais la campagne électorale ne fait que commencer…
Sofiane B.
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