Pourquoi les Algériens boudent la campagne électorale
La campagne électorale est à son quatrième jour et toujours pas d’engouement particulier pour les candidats ! Les électeurs ne bronchent toujours pas, car après plusieurs législatures, la réputation de l’Assemblée nationale est complètement ternie. Ce que le citoyen lambda retient de cette assemblée, ce sont ces salaires mirobolants qui frôlent l’indécence et ces innombrables privilèges dont jouiront les futurs parlementaires. Le salaire d’un député équivaut à presque 20 fois le SNMG, fixé depuis janvier 2012 à 18 000 DA, alors que des centaines de milliers voire même de millions d’Algériens se battent quotidiennement pour des salaires ne dépassant pas deux fois le SNMG. Pour ces gens, c’est une profonde injustice, dont le responsable est celui-là même qui est censé servir leurs intérêts. La liste des privilèges est encore longue, allant de primes aux indemnités en passant par les crédits bonifiés et la retraite anticipée. Le député bénéficie, durant son mandat, d’une indemnité de base mensuelle fixée sur la base du point indiciaire (15 505). Cette indemnité est calculée sur la base de la plus haute valeur du point indiciaire en vigueur dans la fonction publique, au bénéfice des cadres supérieurs de l’Etat. Le député bénéficie également d’une indemnité de responsabilité au sein de l’APN. 20% de l’indemnité de base pour le vice-président, le président de commission, le président du groupe et le président du groupe algérien au sein du conseil consultatif maghrébin. 15% de l’indemnité de base pour le vice-président et le rapporteur de commission. Le député perçoit également une indemnité complémentaire mensuelle de représentation fixée à 20% de l’indemnité de base. Le président de l’APN perçoit un salaire équivalent à celui du Premier ministre, environ 600 000 DA. Le député sans responsabilité touche en moyenne 300 000 DA. A ce gros salaire s’ajoutent diverses primes mensuelles (restauration, hébergement, téléphone et billets d’avion gratuits, crédits bonifiés allant jusqu’à 30 millions de dinars). La prime de restauration dépasse, à elle seule, le salaire que perçoivent plus d’un million de travailleurs. Et quand on est vice-président ou président d’une commission, les avantages pécuniaires augmentent, auxquels se griffent d’autres moyens logistiques : un véhicule de service, un chauffeur et l’hébergement dans une résidence d’Etat… A l’issue de son mandat parlementaire et quelle que soit la durée, le député est mis d’office en congé spécial de deux années, durant lesquelles il bénéficie des indemnités allouées aux membres en exercice. De tels privilèges font, à coup sûr, éloigner l’élu… de son peuple. Trop de privilèges font perdre le privilège d’être un élu… du peuple. Ces privilèges, accordés en 2008 par le chef de l’Etat, sont jugés excessifs même au plus haut sommet de l’Etat. Le ministre de l’Intérieur, Dahou Ould Kablia, a même reconnu, il y a deux mois, qu’il y a beaucoup de candidats qui «cherchent l’argent et les privilèges matériels». De quoi faire réfléchir ces millions d’électeurs…
Sofiane B.
Comment (2)