Djaballah se voit déjà président de la République
A peine la campagne électorale pour les élections législatives du 10 mai commencée que Abdallah Djaballah se voit victorieux et se projette dans l’avenir. A la tête d’un nouveau parti, le Front de la justice et du développement (FJD), après avoir été dépossédé de ces deux premières formations Ennahdha et El-Islah, cet islamiste infatigable, qui évolue dans l’ombre des Frères musulmans égyptiens, a affirmé à son proche entourage qu’il a déjà la tête ailleurs, «dans la prochaine présidentielle». Pour Abdallah Djaballah, le courant islamiste, à sa tête son parti, va sans aucun doute remporter haut la main les législatives du 10 mai. S’inscrivant ainsi dans cette perspective, il se dit prêt à rejoindre le gouvernement et à composer avec toutes les forces politiques nationales, y compris avec Louisa Hanoune dont il «admire» l'engagement politique. Il estime, ainsi, que «cette victoire ne sera nullement une surprise, mais plutôt le résultat logique d’un ensemble de facteurs dont la percée des islamistes dans les pays voisins». Dans ses habits d’un présidentiable, le cheikh Djaballah veut se poser comme un rassembleur. Il ne veut plus faire contre le pouvoir, ni même sans le pouvoir. Son objectif est désormais clair : accéder au sommet du pouvoir. «Quand il dit qu’il vise la présidence, il ne plaisante pas», affirme une source interne au parti. Ainsi, Abdallah Djaballah ne cache plus ses ambitions présidentielles et estime que son heure a bien sonné, après une longue attente. Il se place d’ores et déjà comme l’islamiste le plus modéré, le plus juste et le plus consensuel du pays. Il donne des garanties, comme le parti Ennahdha tunisien, de ne pas toucher aux grands acquis du pays en matière de démocratie et surtout de ne pas gouverner seul. Dans ce programme électoral qui se décline en dix grands axes, le FJD, agréé en février 2012, entend instaurer la «réconciliation entre Algériens», consacrer «la justice sociale» et garantir «le pluralisme dans tous les domaines». La révision constitutionnelle qu’il propose va «renforcer le système républicain». Djaballah dévoile, aussi, pour les mêmes objectifs, sa feuille de route pour la promotion des droits de l’Homme, conformément aux principes civilisationnels et historiques de la société algérienne attachée aux normes universelles. Il envisage dans ce sens de promouvoir la place de la femme rurale en lui donnant les moyens de participer à la vie publique. Dans le volet économique, Djaballah plaide ainsi pour une économie de marché basée sur la concurrence et l’égalité des chances entre les franges de la société. De quoi appâter les électeurs en quête d’égalité et d’équité. Mais n’est-ce pas là, un programme qui en cache un autre…comme nous ont habitués les islamistes ?
Sonia Baker
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