WikiLeaks révèle ce que Washington pense de ses alliés arabes
Selon des câbles diplomatiques américains obtenus par le site de Julien Lassange et publiés par plusieurs journaux, la secrétaire d'Etat américaine avouait, en 2009, que les donateurs (privés) saoudiens «demeurent la source principale du financement de groupes terroristes sunnites dans le monde». Selon la même note, le pèlerinage à La Mecque permet aux agents de mouvements islamistes armés de récolter «probablement des millions de dollars annuellement». Les dirigeants saoudiens auraient eux-mêmes admis que le Hadj présentait une «occasion» pour les collecteurs de fonds, selon une note rédigée au début de l'année après le passage à Riyad de représentants du Trésor américain.
Deux mois avant cette admission, Hillary Clinton avait fait état, dans sa note secrète, de la difficulté de «convaincre les dirigeants saoudiens» que «traiter la question du financement en provenance d'Arabie Saoudite est une priorité stratégique». Outre le pèlerinage à La Mecque, les autres méthodes de financement des groupes islamistes armés incluent le trafic de drogue en Afghanistan et le cambriolage d’une banque au Yémen, qui aurait permis à la branche locale d'Al-Qaïda de rafler un demi-million de dollars, selon les notes du département d'Etat.
D'autres pays du Golfe font l'objet de critiques dans les câbles diplomatiques américains, le Qatar étant considéré comme le «pire de la région» en matière de lutte antiterroriste, et le Koweït comme un «point de transit essentiel».
Les groupes terroristes ne reçoivent pas de sommes importantes en provenance des Etats-Unis ou d'Europe, selon les câbles américains, qui citent notamment cette déclaration d'un membre du contre-espionnage britannique à des représentants du Trésor américain : «Le financement est important au Royaume-Uni, mais l'argent vient en réalité du Golfe.»
On a cru, au lendemain des attentats du 11 septembre, que Washington allait enfin se départir de cette «connexion dangereuse» avec le royaume wahhabite, dont étaient originaire 18 sur les 19 terroristes accusés d’avoir préparé et exécuté les attentats. Mais les liens entre les deux pays s’étaient plutôt renforcés. Le terrorisme aussi.
Ghania B.
Commentaires