Tunisie : les salafistes s’en prennent aux laïcs
Les salafistes tunisiens semblent avoir le vent en poupe. De plus en plus agressifs et violents, ils multiplient leurs actions contre les mouvements et les réseaux laïcs. Hier encore, une quarantaine de salafistes ont agressé le dirigeant du réseau Doustourna, un mouvement citoyen tunisien indépendant. Ce groupe de jeunes salafistes a fait irruption dans la salle où se tenait une réunion avec des jeunes diplômés chômeurs dans la région Kebili, au sud, et s'en est pris à Jawar Ben Mbarek et à plusieurs autres militants du réseau Doustourna, a indiqué, aujourd’hui dimanche, à l'agence TAP un des militants. Le leader du réseau Doustourna a été admis à l’hôpital avant d'être autorisé à le quitter. Selon cette source, les jeunes ont jeté des chaises en direction des responsables de Doustourna. Ils ont aussi brisé les vitres de deux voitures à l'extérieur. «Jawar était en tournée dans le Sud avec une quinzaine de personnes pour monter des antennes locales de Doustourna. La réunion de samedi s'est bien passée très bien, il y avait même des islamistes d'Ennahda qui y ont assisté, quand tout à coup une quarantaine de gens ont fait irruption dans la salle avec des bâtons, en criant Allah Akbar et s'en sont pris à Jawar. C'était très violent», a raconté à l'AFP une responsable du réseau, Fadwa Elleuch, qui n’a pas caché sa frayeur. «Il a été hospitalisé et a reçu des soins pour des contusions », a-t-elle précisé. Dans une vidéo postée sur Facebook, M. Ben Mbarek, sur son lit d'hôpital, affirme que les agresseurs ont appelé à le tuer. Vendredi, des membres de Doustourna avaient déjà été empêchés par un groupe d'une trentaine de salafistes de tenir une réunion dans un local public de Douz (Sud), a indiqué Mme Elleuch. La Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH) a condamné ces agressions et fait part de sa «vive inquiétude» face «au phénomène croissant d'attaques par des groupes salafistes», dans un communiqué publié dans la journée. Cette montée du salafisme prend en otage la vie politique tunisienne dont les craintes d’un basculement dans la violence se font de plus en plus sentir.
Sonia Baker
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