Menasra tire sur le MSP et courtise les anciens du FIS dissous
En politique, il n’y a pas d’amis. Il y a plutôt des intérêts. Et Abdelmadjid Menasra semble l’avoir bien compris. A la tête de son nouveau parti, le Front pour le changement (FC), ce dissident du MSP multiplie les attaques contre ses anciens «frères» de la politique. Cherchant par tous les moyens à appâter les électeurs et surtout puiser dans le réservoir électoral de son ex-formation, le chef du FC décoche des fléchettes assassines à l’endroit des ministres MSP, les accusant de mauvaise gestion et de gaspillage des deniers publics. «Le discours des réalisations a perdu de son sens», a-t-il assené dans un meeting à El-Oued. Allusion faite à la campagne électorale que mène Amar Ghoul, tête de liste MSP à Alger, sur les grandes réalisations autoroutières allant jusqu’à mettre en arrière-plan de ses affiches l’autoroute Est-Ouest. M. Menasra, qui semble éprouver une aversion particulière envers le ministre des Travaux publics, estime ainsi que «même si effectivement il y a des réalisations, il y a encore plus d’énormes sommes d’argent qui ont été englouties» dans des «projets qui auraient coûté deux fois moins chers si leur gestion était infaillible et imperméable à la corruption». M. Menasra faisait référence au scandale de l’autoroute Est-Ouest qui a éclaboussé plusieurs responsables du département d'Amar Ghoul sans que ce dernier ne soit lui-même inquiété. Autre attaque de Menasra, elle vise Mustapha Benbada, ministre du Commerce, censé réguler le marché et contrôler les prix. «Les crises de la pomme de terre et du carburant» sont, pour Abdelmadjid Menasra, le résultat de la«défaillance des circuits de régulation du marché». Critiquant ainsi vertement l’action gouvernementale, dont participe le MSP avec ses ministres (Commerce,Travaux publics, Tourisme et Pêche), cet ancien bras droit de Mahfoudh Nahnah clame «le changement» devenu, selon lui, une question prioritaire «afin que les jeunes ne meurent pas de désespoir». Mais quel changement ? Pour lui, il s’agit de ce changement tant voulu et longtemps reporté, repoussé et contré. Refusé par qui ? Cet ancien ministre ne le dit pas. Mais il le laisse tout de même entendre en insistant sur le fait que «ce report (du changement) a été fait contre la volonté du peuple et contre les faits de la réalité». Allusion faite à l’arrêt du processus électoral de 1991. Pas étonnant pour cet islamiste qui n’a pas cessé de courtiser les anciens du FIS dissous. «Repousser encore une fois le changement, signifierait la poursuite de la corruption et l’avancée vers l’inconnu», a-t-il averti. Se voyant déjà le grand vainqueur de l’élection du 10 mai, Menasra fait état, dans ce même contexte, d’un «complot contre les élections» de l’intérieur, pour pousser le peuple à «désespérer du changement à travers ces élections». «Un complot que les partisans du boycott mettent à exécution, même sans le savoir», estime-t-il, lui qui a déjà parlé de «quotas prédéfinis» pour «les partis sans profondeur sociale ni politique dont la seule ambition est de servir de faire-valoir et de caution au pouvoir». Des accusations qui ont fait réagir le ministre de l’Intérieur qui a promis de sévir contre ceux qui veulent porter atteinte à la crédibilité des prochaines élections législatives.
Sofiane B.
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