Sécurité des voyageurs : les aiguilleurs du ciel inquiets
L’action de protestation des contrôleurs aériens a fortement perturbé le trafic aérien. Entamée jeudi, cette action a engendré un nombre important de retards et d’annulations de vol. Les aiguilleurs du ciel ont depuis jeudi procédé à un ralentissement progressif et graduel du flux des vols, allant de dix minutes au début à 1h30 durant la matinée d'aujourd’hui. Ce ralentissement a touché également les survols de l’espace aérien national. Face à cette situation, le directeur de l’Entreprise nationale de la navigation aérienne (ENNA) s’est déplacé en urgence à l’aéroport international d’Alger où il a tenté de rassurer les protestataires en s’engageant à prendre en charge à la fois le volet relatif aux salaires et celui concernant leurs conditions de travail. Une rencontre est prévue dimanche entre le directeur de l’ENNA et les représentants syndicaux pour finaliser cet accord. A cet effet, les contrôleur sont décidés à reprendre ce soir le travail, avec la volonté de rattraper le retard et de travailler sans relâche pour un retour rapide à la normale. Une tâche titanesque et difficile au vu du retard considérable à rattraper avec des équipements peu fiables. Ce mouvement de protestation a été déclenché spontanément pour justement alerter les pouvoirs publics sur les conditions de travail «épouvantables» des 500 contrôleurs aériens couvrant l’ensemble du territoire national et la gravité des risques de graves défaillances dans la régulation du trafic aérien aux conséquences désastreuses. Il faut dire qu’un plan visant à moderniser le contrôle aérien en recourant à un système satellitaire a été annoncé en 2004 sans qu’il soit concrétisé sur le terrain. Dans un communiqué rendu public le jour du déclenchement de leur action de protestation, les aiguilleurs du ciel ont dressé un tableau noir de l’état des tours de contrôle et des équipements utilisés dans le travail quotidien. Ils ont, également, énuméré les innombrables failles, erreurs et incidents enregistrés ces dernières années. «La déliquescence de l’outil de travail est dûment constatée. Ce stress est aggravé notamment en raison du nombre important des pannes enregistrées quasi quotidiennement au niveau du centre de contrôle régional et de l’ensemble des tours de contrôles depuis plusieurs mois, voire des années (…). Ces défections techniques, dénoncées à maintes reprises par notre syndicat à la direction générale, mais également à l’autorité de tutelle et notamment la direction de l’aviation civile et de la météorologie, sont dues essentiellement à l’absence de maintenance, de pièces de rechange, de formations cohérentes, de prospective, et surtout par la non-réalisation des projets de développement, notamment celui du plan de développement et de gestion de l’espace aérien qui devait être inauguré en 2004 pour renforcer la couverture de radar nationale et à l’acquisition d’un système de détection par satellite», ont-ils relevé dans leur communiqué. Ces problèmes soulevés compromettent pleinement la sécurité des vols. Les contrôleurs aériens ont affirmé qu’ils sont «seuls» à supporter les conséquences quotidiennes de ces «erreurs de gestion stratégiques». Pour assurer la sécurité des vols, les contrôleurs sont, parfois, contraints de prendre des risques réprimés juridiquement.
Sofiane B.
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