Comment l’armée algérienne a fait face à la désinformation
Vingt ans après l’arrêt du processus électoral en janvier 1992, les Algériens en sont encore à se demander si la décision était juste et s’il n’aurait pas mieux valu laisser le FIS prendre les rênes du pouvoir et juger «sur pièce» de sa capacité à diriger le pays. Si ces questionnements paraissent légitimes, il n’en demeure pas moins que plusieurs facteurs, parfois entretenus, maintiennent une certaine opacité sur les tenants et aboutissants de l’action salvatrice de l’armée algérienne face au péril extrémiste qui planait sur l’Algérie et qui menaçait jusqu’au régime républicain, à l’époque. Sur un plateau d’Al Jazeera, ce lundi 23 avril, Mustapha Bouchachi, présenté par la chaîne qatarie comme «militant des droits de l’Homme» et non pas comme candidat du FFS à la députation, pour donner du crédit à ses propos en les présentant sous l’angle du principe de l’indépendance politique, est revenu sur cet épisode en répétant, au mot près, le discours de Hocine Aït Ahmed, selon lequel l’arrêt du processus électoral aurait donné le coup de grâce à la démocratie en Algérie. Cette désinformation nourrie par des cercles inféodés aux courants interventionnistes, qui ont, entre autres, semé la désolation en Libye, a réussi à jeter le doute sur cette interruption voulue par de larges pans de la société et appuyée par les institutions constitutionnelles du pays. A cette grossière opération d’intoxication qui tend à présenter une information fausse comme vraie, est venue se greffer l’incapacité du pouvoir en place à expliquer aux citoyens les véritables enjeux d’un acte qui ne visait pas à tuer la démocratie mais à la sauver de l’anéantissement.
Ceux qui, vingt ans plus tard, nient ce fait, ou se déjugent, doivent avoir l’honnêteté de rappeler les circonstances périlleuses dans lesquelles fut prise la décision d’interrompre une élection qui ne fut «ni propre ni honnête» comme cela avait été promis, de l’aveu même du chef du gouvernement de l’époque, Sid-Ahmed Ghozali, dans une récente interview au journal El Khabar. De même, beaucoup continuent à faire l’amalgame entre l’arrêt du processus électoral – qui avait provoqué l’ire de François Mitterrand, preuve que la décision dérangeait la France – et la gestion politique inconséquente qui s’en était suivie. Ces analystes feignent d’ignorer que l’armée avait pris sur elle de sauver la République après avoir constaté les risques graves engendrés par les appels à la désobéissance, les menaces des extrémistes du FIS d’instaurer un Etat théocratique moyenâgeux, les actions subversives qui se multipliaient à travers le pays et, surtout, les actes terroristes qui avaient commencé avant le 12 janvier 1992 ; l’attaque du poste-frontière de Guemar, près d’Oued Souf, en novembre 1991, en est la meilleure preuve, mais pas la seule. Quoi qu’il en soit, l’armée n’avait pas agi seule. Elle avait répondu à l’appel d’une société civile abattue par les scores d’un parti extrémiste, le FIS, qui s’était servi de la démocratie comme moyen de parvenir au pouvoir et de s’en approprier ad vitam æternam au nom d’une religion importée d’Afghanistan, du Pakistan, du Soudan, d’Arabie Saoudite et d’ailleurs, sous une fausse étiquette.
Pour corriger toutes ces informations, parfois erronées, parfois sciemment déformées, «algeriepatriotique» publie en plusieurs parties, à partir d'aujourd'hui, un livre qui revient sur les événements importants ayant marqué le pays avant, pendant et après l’arrêt du processus électoral, en janvier 1992. Le livre démontre comment l’armée algérienne a dû faire face à une entreprise de désinformation massive et planifiée.
Algeriepatriotique
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