La zone euro confrontée à la flambée du chômage, désormais proche de 11%
Le chômage s'est inscrit en mars à un niveau record dans la zone euro et n'est plus qu'à un pas des 11%, un seuil encore jamais atteint, ce qui renforce le besoin de définir urgemment une stratégie pour faire redémarrer l'économie et créer des emplois en Europe.
Le chômage s'est inscrit en mars à un niveau record dans la zone euro et n'est plus qu'à un pas des 11%, un seuil encore jamais atteint, ce qui renforce le besoin de définir urgemment une stratégie pour faire redémarrer l'économie et créer des emplois en Europe.
Selon des données publiées mercredi par l'office européen des statistiques Eurostat, le chômage a touché en mars 10,9% de la population active dans les pays de l'Union monétaire, soit plus de 17 millions de personnes.
Ce niveau égale celui établi en avril 1997 mais il n'avait jamais été atteint depuis la création de la zone euro, a indiqué Eurostat.
«Compte tenu des enquêtes sur les intentions d'embauche, tout semble indiquer que le chômage va continuer de grimper dans les mois prochains et il ne devrait pas tarder à dépasser les 11%», estime Martin Van Vliet, économiste pour la banque ING. Il n'exclut pas d'ailleurs un pic à 11,5%.
«Les entreprises sont bien souvent sous pression (…) afin de limiter les coûts face à une demande limitée, des marges réduites, une concurrence accrue et des perspectives économiques incertaines», résume Howard Archer, économiste pour IHS Global Insight, qui craint lui aussi un chômage à 11,5% dans la zone euro.
La situation empire à vitesse grand V: en un mois, 169 000 personnes au sein de la zone euro se sont retrouvées sans emploi et 1,73 million en un an.
Les disparités sont toutefois importantes, entre une Europe du Sud confrontée à un chômage de masse et une Europe du Nord où le phénomène est sous contrôle.
L'Autriche a ainsi enregistré le plus bas taux de chômage en mars (4%), suivi par les Pays-Bas (5,0%), le Luxembourg (5,2%) et l'Allemagne (5,6%).
Dans le même temps, l'Espagne – de loin le plus mauvais élève de la zone euro – a battu un nouveau record avec un chômage à 24,1%.
En Grèce, le chômage s'est lui inscrit à 21,7% selon les dernières données disponibles pour ce pays, qui datent de janvier. En Italie et au Portugal, la situation se dégrade également avec respectivement 9,8% et 15,3% de sans emploi.
«Les taux de chômage exceptionnellement élevés dans l'Europe du Sud sont en partie liés à des facteurs structurels, mais ils illustrent aussi les sacrifices infligés à court terme par les plans de rigueur», souligne l'analyste d'ING.
Facteur inquiétant : les jeunes paient un lourd tribut. En mars, ils étaient 3,34 millions sans emploi dans la zone euro et plus d'un sur deux en Grèce (51,2% en janvier) et en Espagne (51,1%).
«Ces nouveaux chiffres soulignent la gravité du problème et confirment l'urgence qu'il y a à créer un marché du travail plus dynamique», a réagi mercredi une porte-parole de la Commission européenne lors d'un point de presse.
«Nous avons besoin de réformes sur le marché du travail dans les Etats membres», a-t-elle ajouté, rappelant que la Commission doit rendre le 30 mai son rapport sur les réformes structurelles proposées par chaque Etat membre. Elle fera à cette occasion des recommandations à chacun.
Mais les Européens vont devoir opter pour des solutions rapides afin d'enrayer la flambée du chômage, après deux sommets consacrés à la croissance et l'emploi depuis le début d'année qui n'ont débouché sur aucune mesure concrète.
Outre le traditionnel sommet européen de fin juin, une autre réunion des chefs d'Etat et de gouvernement pourrait se tenir en amont pour définir un plan d'action, a annoncé le président de l'UE, Herman Van Rompuy. Ce dîner informel pourrait avoir lieu autour du 1er juin, selon une source diplomatique européenne.
Agence