France : Valls et Aubry se disputent le poste de Premier ministre
Une fois l’euphorie de la victoire passée, les dirigeants du parti socialiste, qui savourent encore leur triomphe sur la droite, vont passer à l’acte. Déjà, on parle de tractations serrées pour le poste de Premier ministre. Deux noms émergent : Martine Aubry, la secrétaire générale du Parti socialiste, et Manuel Valls, le conseiller spécial auprès du candidat François Hollande et réputé proche de celui-ci. Les deux personnalités les plus en vue actuellement au sein du premier parti de la gauche avaient brigué eux aussi la fonction de président de la République à la primaire socialiste, avant de se ranger derrière François Hollande dans une guerre sans merci contre le président sortant Nicolas Sarkozy. Considéré comme un réformateur, Manuel Valls, député depuis 2002, appelle à la «refondation du Parti socialiste» dont il suggère le changement d’appellation. Valls n’est pas ce qu’on pourrait appeler un fervent défenseur de l’Europe. Si, en 2004, il a voté pour la Constitution européenne, c’est par pure discipline envers son parti qui avait fait campagne pour le oui. Valls est connu pour être favorable à la limitation de l’immigration à laquelle il veut fixer des quotas et appelle à l’amendement de la loi sur la laïcité, à l’application de laquelle il dit souhaiter «une révision publique». L’ancien membre du Grand Orient de France, une organisation d’obédience maçonnique, pourrait, s’il était nommé Premier ministre, élargir le gouvernement à des personnalités comme François Bayrou, Dominique de Villepin et Corine Lepage qui «peuvent faire partie, s’ils le souhaitent, d’une majorité de large rassemblement». La rivalité entre Valls et Aubry, qui ne date pas d’hier, donnera du fil à retordre au nouveau président français. Dans une lettre ouverte parue dans Le Parisien, Martine Aubry invitait ouvertement son camarade du PS à quitter le parti s’il ne s’alignait pas sur sa ligne politique. Hollande élu, la lutte s’annonce rude entre la maire de Lille, et ancienne numéro deux du gouvernement Jospin, et le militant le plus à droite du parti de gauche qu’est le PS.
Sarah L.