Le FIS menace l’Algérie d’un bain de sang «pacifique»
Dans un communiqué signé par Abassi Madani et Ali Benhadj, et diffusé sur le site internet de ce dernier, les deux anciens chefs du FIS dissous – mais pas disparu – espèrent pouvoir attiser les tensions qui marquent la rue algérienne à la veille des élections législatives par une invite qui tombe comme un cheveu dans la soupe à quelques heures du début du scrutin. C’est sur un ton démoralisant que la paire islamiste a choisi de s’adresser aux Algériens pour les mettre en garde contre «les conséquences graves» qui pourraient découler de la situation actuelle. «Le FIS félicite tous ceux qui ne se sont pas pliés aux menaces du pouvoir pour aller voter», lit-on dans le communiqué en question. Le parti extrémiste, qui a conduit le pays vers la sanglante discorde des années 90, appelle à l’annulation des élections, à la mise en place d’une période de transition qui regroupera «toutes» les forces politiques et à la constitution d’un gouvernement «de salut national» qui sera chargé de préparer des élections «transparentes et honnêtes» (sic). Le communiqué, qui a été cosigné par Abassi Madani à partir de Doha, au Qatar, joue sur les mots et alterne entre incitation à la violence et appels à la «contestation pacifique». Une mixture entre le FIS de 1991 dont les menaces étaient traduites en actes terroristes, et le résidu d’un parti qui s’aligne dans la nouvelle vague des mouvements islamistes au discours mielleux qui sont parvenus, un peu partout, au pouvoir. Il y a peu de chance que le communiqué du FIS ait un quelconque impact sur la rue. Les citoyens, si jamais ils boudent l’élection de ce 10 mai, ce ne sera, en tout cas, pas à l’appel d’un parti politique – quel qu’il soit –, mais parce qu’ils savent que le changement ne viendra ni d'un parlement obsolète ni d’une classe politique qui a, depuis longtemps, prouvé son indigence intellectuelle et morale.
Sarah L.
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