Les ksour disparus de Taghit
Tout le long des 18 kilomètres de la palmeraie de Taghit (90 km au sud-est de Béchar), la route traversant cette oasis est bordée de dunes, à l’est, et d’une multitude de ruines en toub, à l’ouest. Les six petits villages construits en dur ont fini par plonger les ksour dans l’oubli.
Tout le long des 18 kilomètres de la palmeraie de Taghit (90 km au sud-est de Béchar), la route traversant cette oasis est bordée de dunes, à l’est, et d’une multitude de ruines en toub, à l’ouest. Les six petits villages construits en dur ont fini par plonger les ksour dans l’oubli.
Hormis le vieux ksar de Taghit, classé patrimoine national, d’autres bijoux de l’habitat saharien agonisent dans l’anonymat. Les ksour de Brika, Berrabi, Bakhti ou encore ceux de la falaise de Djebel Baroune ont tous été abandonnés par leurs occupants, certains ont disparu, d’autres sont en ruine et les moins dégradés servent d’abri aux animaux.
La falaise de Djebel Baroune qui surplombe la palmeraie regroupait, selon l’architecte Abdelwahab Arabaoui, «37 ksars construits en toub au bord de la falaise». Aujourd’hui, il n’en subsiste plus que quelques pans de muraille à peine visibles depuis la route.
Le ksar de la localité de Berrabi était une grande citadelle qui bordait la route et s’enfonçait dans la palmeraie. Aujourd’hui, l’état de délabrement du site ne permet même pas de visites touristiques à l’intérieur. Jamais restauré, ce ksar, qui n’est plus qu’amas de terre et de colonnes, a toutefois gardé son architecture originale même à l’intérieur des habitations.
A l’intérieur de la citadelle de Berrabi, on peut encore retrouver les makhzen (creusets servant de garde-manger), les zribate (enclos intérieur pour les animaux) ainsi que le système d’assainissement de l’époque basé sur les fosses sèches.
Plus loin, la nouvelle déviation de la route traverse le ksar de Bakhti, une autre cité au bord de la palmeraie qui ne sert plus que d’abri aux animaux. Néanmoins, cette route qui passe au milieu du ksar est très appréciée par les visiteurs.
Actuellement, avec la possibilité de moderniser les techniques de construction en terre «tous ces sites peuvent être récupérés», apprend-on auprès de l’architecte Abdelwahab Arabaoui, employé au service technique de la commune de Taghit entre 2002 et 2010.
Avec son groupe de recherche et en collaboration avec des universités européennes, M. Arabaoui a réussi à établir plusieurs plans architecturaux pour définir l’état initial de quelque ksour de la région, ainsi que celui des mausolées et cimetières antiques.
Une restauration moderne et une réhabilitation adéquate pourrait permettre un réel essor de l’artisanat local ainsi que l’exploitation touristique des ksour et parer ainsi à l’absence d’infrastructures d’accueil dans ce pôle touristique.
R. E.