Plus de 20 millions d’inscrits n’ont pas voté pour le FLN
Les chiffres annoncés par le président du Conseil constitutionnel, hier, donnent le tournis. Bien que majoritaire au parlement, seuls 6% des Algériens en âge de voter ont opté pour le FLN. Ce chiffre intègre aussi bien les citoyens ayant voté que ceux qui ont boudé l'urne. Dit autrement, 20 321 478 citoyens inscrits sur les listes électorales n'ont pas donné leur voix au parti de Belkhadem. De plus, sur ces 6%, une bonne partie a agi par réflexe patriotique suite à l'appel lancé par Bouteflika.
La proclamation des résultats des élections législatives par le Conseil constitutionnel relance le décryptage des messages portés par ce scrutin. Jusque-là, des points de vue différents ont été exprimés par les observateurs et acteurs politiques. Seuls deux chiffres ont été interprétés de façon quasiment consensuelle. D’abord, le taux de participation : tout le monde a constaté qu’il est à contre-courant de l’opinion dominante qui prévoyait un boycott. Et il a été admis que si les 43% de votants ont été dépassés, c’est grâce au réflexe patriotique réveillé par l’appel lancé par le chef de l’Etat, à partir de Sétif, deux jours avant. De même, le revers subi par les islamistes, cinglant démenti des prophéties qui les donnaient gagnants, ne peut être expliqué autrement que par leur rejet par une grande partie de la population. Derniers à le comprendre, leurs partisans, minoritaires dans la société, continuent de s’agiter.
Deux autres chiffres ne finiront pas de sitôt d’alimenter les discussions. L’un concerne le vote FLN. Ce parti est majoritaire à l’Assemblée grâce à, seulement, 1 324 363 électeurs sur les 9 339 026 qui sont allés voter le 10 mai. Autrement dit, plus de 8 millions de votants n’ont pas mis dans l’urne un bulletin FLN. Pire, c’est carrément le vertige quand on compare le nombre de voix FLN au nombre d’inscrits : 1 324 363 sur 21 645 841, c’est-à-dire 6% ! Plus de 20 millions d’inscrits n’ont donc pas voté pour le FLN. Le second chiffre «parlant» est celui de l’abstention. C’est là que se trouve, tout le monde en convient, le poids des jeunes qui n’ont pas voté. Cette Algérie d’aujourd’hui et de demain est, maintenant, attentive à la réponse que les aînés aux commandes du pays apporteront à son message.
Ramdane Ouahdi
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