Le dernier testament de Warda El-Djazaïria : «J’accuse…»
Warda El-Djazaïria, la «Rose algérienne», avait le talent et la beauté qui lui ont permis de construire son succès et sa notoriété, allant jusqu’à arracher la succession d’Oum Kaltoum dans le propre pays de la grande diva du monde arabe, tout en gardant son surnom «El-Djazaïria». C’était une femme de caractère et surtout une femme engagée politiquement. Tout récemment, elle s’était distinguée par un fait qui restera dans l’histoire comme son testament politique. Souvenons-nous : il y a trois mois, en février, Warda avait adressé une lettre ouverte aux officiels de la chaîne qatarie Al Jazeera. C'était une sorte de testament politique. «Vous avez tué des milliers de Libyens et vous continuez de faucher un grand nombre d’innocents en Syrie (…) Vous jurez n’avoir porté aucune arme, et moi je vous réponds que vous avez l’arme de destruction massive la plus puissante : les médias. (…) Si vos maîtres touchent leur salaire du pétrole, vous touchez les vôtres du sang arabe parce que vous êtes des marionnettes dans leurs mains sales, et plus vous mentez, lancez des fatwas et faites perdre la vie aux gens, plus vous êtes payés !», a écrit Warda en s'adressant à cette chaîne agitatrice.
Warda a toujours été une chanteuse engagée. Pendant la Guerre de Libération, elle avait fait don au FLN des recettes des concerts qu’elle donnait à travers le monde arabe. En 1958, suite à son militantisme, elle fut obligée de quitter la France pour Rabat et ensuite Beyrouth. C’était aussi une femme de caractère. Après l'Indépendance, alors qu’elle chantait depuis plus d’une dizaine d’années, son mari lui avait interdit de continuer à le faire. En 1972, elle bravait cet interdit pour chanter et célébrer le dixième anniversaire de l’Indépendance. Son mari demanda le divorce. C'est ainsi qu'elle épousa la musique à laquelle elle avait décidé de consacrer sa vie.
Lazhar Houari
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