Les pauvres meurent la nuit
Merzak aussi est mort cette nuit. Mais, lui, avait la fatalité chevillée au corps. Miséreux, malade, isolé, vivant dans un taudis sur la terrasse d’un immeuble qui menace ruine, avec une famille à qui la dèche et la déveine collent comme un sort qui prend plaisir à les faire souffrir. Il sera enterré aujourd’hui par une poignée de voisins charitables qui invoqueront la miséricorde de Dieu pour lui et pour eux. Il continuera de pourrir sous terre, après une vie passée à moisir sur l’escalier du bâtiment, n’en voulant à personne de ce que le destin lui a ôté le plaisir d’exister. Il n’avait ni envie de vivre ni hâte de mourir. Il attendait son heure. C’est tout. De son linceul où il attend d’être mis en terre, Merzak monterait peut-être au ciel heureux si vous étiez nombreux à lire ces quelques paroles en l’air. Je vous tends ma main, à la place de la sienne qu’il n’a jamais tendue, pour que vous priiez pour Merzak, parti la nuit venue, sans avoir eu la chance d’être adoré comme on adule une cantatrice. Soyez nombreux à l’accompagner par vos pensées, même si, la gorge serrée par la main terrible de l’infortune, il n’a jamais chanté.
M. A.-A.
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