A côté de la plaque
La vie politique continue en Algérie comme si l’ouragan des législatives ne l’avait pas traversée. Or, tout dans les chiffres sortis des urnes le 10 mai montre un décalage flagrant entre la classe politique et le pays. En ajoutant aux abstentions, considérables, les bulletins nuls, plus discrets – mais impressionnants, quand on s’y attarde –, force est de constater que les Algériens qui ne se sont pas prononcés constituent la majorité écrasante. C’est de ce côté-là que les regards devraient se tourner. Les décisions à prendre doivent tenir compte d’abord et avant tout de cette majorité «silencieuse» qui s’est tout de même exprimée à sa façon. D’autant plus qu’elle correspond, tous en conviennent, à la majorité «démographique» constituée par les jeunes, c'est-à-dire l’avenir du pays.
Au lieu de cela, les partis poursuivent leur guerre à part. Les luttes intestines meublent leur quotidien : au FLN, redresseurs contre Belkhadem, et au RND, ambitions «sénatoriales». Autre fait curieux : les ministres MSP ne sont pas pressés de quitter le gouvernement pour se mettre en conformité avec la décision de leur parti. Rien n’indique qu’ils consentent à ne pas faire partie du prochain exécutif. D’ailleurs, le MSP n’est pas à une contradiction près, il accepte de siéger à l’Assemblée populaire nationale alors qu’il a clairement laissé entendre que le scrutin dont elle est issue est entaché de fraude.
Ramdane Ouahdi
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