«Bouteflika devra écouter les 60% qui n’ont pas voté»
Des personnalités influentes, interrogées par «algeriepatriotique», disent attendre du président Bouteflika qu’il réagisse à la dernière débâcle électorale qui a donné lieu à un parlement «à la limite de la légitimité». Ces personnalités, qui avaient souhaité une participation massive aux dernières élections, mais qui n’avaient pas caché leur scepticisme, vu la manière dont la campagne avait été menée et accompagnée par les autorités et les médias, disent ne pas comprendre pourquoi le Président continue à ignorer cette majorité écrasante d’Algériens qui ont boudé l’urne. «Ce geste est en lui-même un acte politique significatif», indique un de nos interlocuteurs qui a requis l’anonymat pour ne pas gêner le président Bouteflika dans ses démarches à venir. «Je continue d’espérer que le chef de l’Etat prendra les mesures qui s’imposent à la lumière de ces élections.» Par «mesures qui s’imposent», notre source entend un changement imminent de gouvernement, faute de devoir dissoudre une Assemblée dans laquelle le parti majoritaire ne représente que 6% des Algériens. «Il faut vite changer ce gouvernement et nommer de nouveaux ministres technocrates, sans coloration politique, pour s’atteler à mener à bien de sérieuses réformes économiques, seul gage de stabilité pour le pays en ces temps de grave crise mondiale.» Le Président aura, pour sa part, toute la latitude voulue pour poursuivre les «timides réformes politiques» qu’il a engagées depuis une année. La priorité devra aller vers une reconfiguration profonde du champ politique «miné par l’opportunisme et l’égoïsme», regrette-t-on. Nos interlocuteurs évoquent une «clochardisation politique» qui a poussé le plus grand nombre à tourner le dos à une participation active à la gestion des affaires de l’Etat. «Seuls restent en lice des prétendants cupides en quête d’avantages en numéraire et en nature», note notre interlocuteur qui attend de Bouteflika qu’il tende une oreille attentive aux 60% d’Algériens qui ne se reconnaissent pas dans cette classe politique en rupture avec le citoyen. «Le temps presse», s’inquiète notre source.
M. Aït Amara
Comment (4)