L’OAS divise la France cinquante ans après l’indépendance
Les nostalgiques de l’Algérie française vont rendre hommage à Claude Piegts et autres criminels de l’OAS lors d’une manifestation publique dimanche à Isère, dans la région Rhône-Alpes, en France. Co-organisée par l’association d’anciens activistes Adimad, la Fédération nationale des rapatriés (FNR) et la Maison des réfugiés, cette manifestation a suscité de vives réactions de la part des familles des victimes de cette organisation criminelle qui était contre l’indépendance de l’Algérie. Parmi ces victimes, Jean-François Gavoury, fils de Roger Gavoury, commissaire central d’Alger assassiné le 31 mai 1961, poignardé à son domicile par les sinistres commandos Delta dont faisait parti Claude Piegts. Ulcéré par l’annonce de cet événement par l’extrême droite française, Jean-François Gavoury a vite alerté par écrit la maire socialiste du Touvet, Mme Laurence Théry, qui n’a pas daigné lui répondre. Dans un courrier datant du 6 juin, il interpelle Eric Le Douaron, préfet de l’Isère, en lui demandant simplement d’interdire cette manifestation. «Comme la tombe même de Claude Piegts, revêtue d’une plaque de l’Adimad l’érigeant en héros et martyr de l’OAS ("On pense A lui Sans cesse", lit-on sur l’épitaphe), le rassemblement envisagé dans le périmètre de sa sépulture ne peut avoir d’autres conséquences que de porter gravement atteinte à la mémoire de mon père, Roger Gavoury, commissaire central d’Alger tombé, victime du devoir, et à l’honneur des membres de ma propre famille, comme, à travers eux, à l’ensemble des veuves et descendants de victimes de l’OAS», souligne-t-il dans sa missive. Et au-delà des risques de troubles à l’ordre public inhérents à une manifestation «aussi offensante à l’égard des quelque 2 700 civils et militaires tombés il y cinquante ans sous les coups d’un véritable syndicat du crime», M. Gavoury craint de fortes contestations en raison du contenu politique et propagandiste d’une telle action décriée par les anciens combattants de l’armée coloniale. Les nostalgiques de l’Algérie française ont tenté, jeudi à Perpignan, le même coup électoraliste à deux jours du 1er tour des législatives françaises. Sans y parvenir. La manifestation a été interdite par un arrêté préfectoral évoquant le «risque sérieux et grave de troubles à l'ordre public». La préfecture de l’Isère va-t-elle laisser se dérouler cette manifestation en éloge à l’action criminelle de Claude Piegts ? En tout cas, ce n’est pas le souhait des victimes de l’OAS.
Sonia S.
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