Journalisme en robe noire
Il y a quelque chose de pathétique dans cette propension qu’ont certains à plaider pour faire valoir les intérêts de sociétés étrangères, venues se sucrer chez nous en foulant aux pieds les lois de la République. Ces défenseurs, officiant au nom de clients qui les rémunèrent en placards, enterrent leur algérianité le temps d’un entrefilet voué à l’apologie de crimes économiques punis par toutes les justices du monde. Ces journalistes, qui ont choisi d’enfiler la robe noire pour voler au secours d’affairistes véreux et cupides, ont choisi de faire de leur tribune un prétoire virtuel pour y prolonger le plaidoyer dans des procès où les prévenus, défendus par les meilleurs avocats, ont été jugés coupables. Lorsque nous informions nos lecteurs que le directeur général de Djezzy, Tamer El-Mahdi, avait adressé un doigt d’honneur magistral aux Algériens que nous sommes, en prenant la poudre d’escampette malgré une condamnation à deux années de prison ferme pour les tartuferies du groupe qu’il représente, son préposé à la communication s’était empressé de faire publier un démenti mensonger mariné à l’égyptienne : «Je fais entièrement confiance en la justice algérienne», lisait-on, hilares, dans une mise au point publiée quelques centimètres sous une bannière de l’opérateur aigrefin. Se donnant le mot, le groupe pharmaceutique français Sanofi Aventis, lui aussi condamné pour nous avoir grugés, pérore, dans ce même espace, sur les grands services qu’il aurait rendus à l’Algérie. En filigrane, nous sommes invités à voir dans Djezzy et Sanofi Aventis deux bons samaritains qui ont voulu nous civiliser mais que nous avons déçus par nos comportements primitifs. Et pour répandre ces bruits insultants, il s’en trouvera toujours un pour leur tenir le bugle.
M. Aït Amara
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