Comment la Tunisie compte contrer ses extrémistes
Le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères tunisien, Hedi Belabbès, ne voit rien d’inquiétant dans ce qui se passe actuellement en Tunisie. Interrogé par la Radio algérienne sur la montée de la violence salafiste notamment dans le grand Tunis, ce responsable tunisien tente de minimiser la gravité de la situation qui a pourtant amené son gouvernement à instaurer un couvre-feu dans quatre grandes villes du pays. «Il y a une fraction qui est peut-être du style djihadhiste, mais la majorité de nos salafistes cherchent plutôt à faire du prêche. Le caractère violent n’est pas nécessairement dominant», a-t-il soutenu, estimant que la Tunisie n’est pas menacée par ces extrémistes. Le secrétaire d’Etat qualifie ainsi les incidents de ces derniers jours, comme l’atteinte à l’emblème national tunisien et l’incendie d’un tribunal, «d’épiphénomène» sans grande incidence sur le pays. Il s’agit pour lui de «coups d’éclat comme on en fait partout dans le monde». «Aujourd’hui, pour exister, comme on l’a déjà vu dans les banlieues françaises, il faut faire de temps à autre des coups d’éclat. Ils (les salafistes) sont actuellement en train de le faire», a-t-il estimé. Hedi Belabbès reproche indirectement à la presse – nationale et internationale – la médiatisation excessive de ces incidents. «Ces coups d’éclat, a-t-il minimisé, ont eu lieu parce que nos médias, heureusement ou malheureusement, jettent tous leurs projecteurs sur ces épiphénomènes que je ne minimise pas, mais c’est la réalité des choses. Ce sont des petits coups d’éclat, notamment en touchant au drapeau national.» Il assure que la situation est totalement sous le contrôle de l’Etat. «Quand ils manifestent dans la rue, nous leur donnons des autorisations de manifestation. Et nous contrôlons ces manifestations dans le cadre de la loi et dans le respect des droits de l’Homme», a-t-il relevé, affirmant que «le caractère violent est tout à fait condamnable par tous les critères». Mais d’après lui, «les incidents qui ont eu lieu ces deux derniers jours en Tunisie ne sont pas uniquement l’effet du salafisme, mais aussi de voyous et de repris de justice qui profitent des largesses de la liberté». «Vous savez, a-t-il expliqué, la gestion démocratique des foules est beaucoup plus difficile que celle de la répression». Le secrétaire d’Etat trouve «exagéré» de qualifier ces incidents d’actes terroristes, et estime qu’il n’y a pas de complot «ni intérieur ni extérieur» contre la Tunisie. «Nous ne voulons pas entrer dans ces considérations. Ce n’est pas du tout notre façon de gérer. Nous sommes un gouvernement élu démocratiquement et responsable. Nous avons pris une décision qui entre dans le cadre du respect des droits de l’Homme et du droit à la libre expression», a-t-il clamé. Le couvre-feu instauré notamment dans le grand Tunis est, selon lui, «ponctuel et concerne quelques villes et quelques points chauds», uniquement.
Sonia B.