Trente producteurs audiovisuels accusent Toumi de «favoritisme»
Trente producteurs et réalisateurs cinématographiques dénoncent le «parti pris flagrant» du ministère de la Culture dans le choix des projets long-métrages et films documentaires pour le cinquantenaire de l’Indépendance. Dans une lettre ouverte adressée à la haute autorité chargée de la coordination du programme audiovisuel et cinématographique, et dont « algeriepatriotique » a obtenu une copie, les producteurs audiovisuels accusent la ministre, Khalida Toumi, de «favoritisme». Ainsi, des membres de la commission de lecture feraient partie de la liste de bénéficiaires, dont un cadre permanent du Centre national du cinéma algérien (CNCA) qui a réceptionné les dossiers. La missive au ton incisif énumère plusieurs autres griefs concernant cette opération et qui apportent de l’eau au moulin de ceux qui critiquent la manière avec laquelle les autorités comptent célébrer une échéance aussi importante que le cinquantenaire de l’Indépendance. Les contestataires restent perplexes devant la sélection de producteurs «inexpérimentés, inconnus dans les rangs des professionnels du septième art». «Des sigles de sociétés apparaissent pour la première fois publiquement, et alors qu’une filmographie était préalablement exigée, les noms des porteurs de leurs projets ne bénéficient à première vue d’aucune notoriété dans l’activité audiovisuelle et cinématographique», relève la lettre. Les rédacteurs de cette lettre déplorent la politique de deux poids et deux mesures adoptée par le ministère qui a accordé à certaines sociétés la possibilité de présenter deux projets alors qu’à d’autres, il a été refusé de soumissionner avec plus d’un sujet. Par ailleurs, les réalisateurs et producteurs algériens estiment que le CNCA aurait dû faire prévaloir la préférence nationale. «Les sociétés installées en Algérie, qui y ont investi en terme d’équipements, qui emploient prioritairement un personnel algérien, qui sont connues pour avoir fourni régulièrement des programmes audiovisuels et cinématographiques, qui s’acquittent de leurs cotisations sociales et fiscales, ont le droit de se poser la question de savoir s’il existe deux collèges dont l’un, sans qu’il soit comptable des importants financements dont il a bénéficié, aurait toujours la préférence», font remarquer les producteurs mécontents. Ils dénoncent, dans le même sillage, le manque de transparence dans le travail de la commission chargée de l’étude des dossiers. «La composition de cette commission n’a pas été publiée officiellement, et la question se pose, si dans le respect de la qualité de l’ensemble de ses membres, des historiens spécialistes du Mouvement national ont bien participé de façon prépondérante aux travaux.» «Quelle crédibilité donner au secrétariat de la commission si des dossiers sans scénario – donc incomplets – ont été réceptionnés, l’accusé de réception faisant foi ?» s’indignent-ils. Devant ce constat accablant, les producteurs audiovisuels lancent un appel aux plus hautes autorités chargées de la coordination du programme audiovisuel et cinématographique du 50e anniversaire de l’Indépendance pour diligenter une commission d’enquête et faire la lumière sur ces «incohérences» et ces «dépassements».
Sonia Baker
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