Nadia Taalba : «Une guerre fratricide se profile au FFS»
Nadia Taalba, ancienne responsable du FFS à l’émigration, en Ile-de-France, joint sa voix à celle des contestataires et charge de la manière la plus forte la direction actuelle de son parti. «Si le régime algérien est l’unique responsable de l’atonie politique que connaît le pays, le FFS, lui, est le seul responsable de ce qui se passe dans ses rangs et à sa tête», soutient-elle dans une lettre adressée au conseil national qui doit clore aujourd’hui les travaux de sa session ordinaire. Battant en brèche tous les arguments de la direction concernant la participation du parti aux dernières législatives, Mme Taalba assure que «la marche forcée vers la participation, que l’appareil du FFS a fait prendre au parti, est une potion amère que des militants et des responsables ne digèrent pas». La fissure entre la direction et la base militante est aggravée, d’après elle, par les rumeurs qui «entachent sa probité». Elle invite, dans ce sens, «ceux qui n’ont pas encore pris la mesure de la fragilisation» du parti «à dessiller les yeux pour lui éviter le pire». «Le spectre de la guerre fratricide que chacun redoute ou espère est-il en train de se profiler plus tôt que prévu?» s’interroge-t-elle. Ce qui renforce son inquiétude, c’est le déni que fait la direction qui refuse de reconnaître son «erreur d’appréciation» en continuant à défendre son «choix» de participation. «Comment l’entrée d’un FFS affaibli dans un hémicycle aussi parcellisé et gangrené aurait-elle pu freiner de manière décisive la course folle du pays vers le chaos ?» se demande-t-elle, critiquant vertement l’argumentaire principal de cette participation selon lequel l’Algérie est menacée. Elle considère aussi que l’objectif de la remobilisation assigné à la participation au scrutin du 10 mai n’est pas atteint, puisque, précise-t-elle, le taux d’abstention était de 57%. Pour elle, la «remobilisation ne se décrète pas quand les perspectives ne sont pas partagées», surtout à la veille d’une élection et après des années d’immobilisme. Mme Taalba estime que «l’épisode fiévreux qui a saisi ce grand corps malade de l’opposition algérienne vient d’atteindre un nouveau pic avec la déclaration de trois de ses anciens premiers secrétaires». Elle appelle ainsi le CN à prendre ses responsabilités en sa qualité d’instance souveraine entre les deux congrès.
Sonia Baker
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