Chérif Mahdi : «L’exécution de Chabani était voulue par Harbi»
Chérif Mahdi, ancien moudjahid, jette un pavé dans la mare. Cet ancien secrétaire général de l’état-major général de l’ANP accuse l’historien Mohamed Harbi d’avoir une grande responsabilité dans l’exécution du colonel Chabani, un certain 3 septembre 1964 ; une exécution qui n’a pas encore révélé tous ses secrets. Dans une longue tribune publiée dans Le Soir d’Algérie, Chérif Mahdi révèle comment cet historien algérien exilé en France «a une main lourde» dans la mort du jeune colonel. «L’exécution de Chabani était voulue et demandée par Harbi, non que ce dernier eut été un être assoiffé de sang ou qu’il eut un compte personnel à régler avec le chef déchu de la wilaya VI, mais comme un jalon visible, une démarcation nette entre les tenants de la révolution socialiste, dont il s’était autoproclamé le grand prêtre, et les aspirants au grand burnous. «Chabani, le féodal, était jugé ès qualités, un peu comme les GIA condamnaient ès qualités le jeune appelé sans avoir jamais eu à pâtir de ses agissements», soutient-il. L’ancien moudjahid au verbe acéré accuse Harbi de «schizophrénie révolutionnaire». «L’inquisiteur trotskyste, qui avait l’oreille du raïs, avait fulminé contre Chabani non parce que ce dernier s’était rendu coupable de crime de rébellion, mais pour des raisons idéologiques. Mohamed Chabani était aux yeux du quarteron trotskyste, qui sévissait dans la proximité immédiate de Ben Bella, le représentant parfait des féodalités qui menaçaient la révolution socialiste», estime-t-il. Pour Chérif Mahdi, Harbi était un «chantre de l’égalitarisme par le bas, inquisiteur impitoyable à l’affût d’opposants à abattre, redoutable et sans état d’âme quand il a atteint les hautes sphères du pouvoir et eu en mains le levier d’un journal influent». Chérif Mahdi revient, par ailleurs, sur un texte que Mohamed Harbi a publié le 4 juin dernier sur les colonnes d’un quotidien algérois et dans lequel il a refait le procès de Mohamed Chabani. Il souligne que ce n’est pas le premier texte de Harbi contre le colonel exécuté sur ordre de Ben Bella. Le 4 juillet 1964, rappelle-t-il, cet historien attitré écrit dans Révolution africaine un article intitulé Les féodalités bureaucratiques, signé par un pseudonyme (El Harrouchi) dans lequel il justifiait la façon d’administrer la justice aux opposants : «Ou la révolution se défend par la violence révolutionnaire ou la révolution hésite et démissionne» ; «Nous ne sommes pas dans un débat juridique» ; «Qui renonce à la violence renonce à la révolution»… «Après avoir lu cela, on peut faire grâce à Harbi des autres appels au meurtre contre les pseudo-opposants dont sont remplis les éditoriaux signés par lui», commente Mahdi Cherif, s’exclamant devant le fait que Harbi continue, cinquante ans après, d’accuser Chabani d’un crime qu’il n’a pas commis.
Sonia B.
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