Archives algériennes : l’étrange condition de l’ex-Yougoslavie
Un ancien officier de l’ALN a contacté «algeriepatriotique» pour rappeler un événement que beaucoup d’Algériens ignorent. En effet, au lendemain de l’Indépendance, les autorités politiques du pays avaient dépêché une délégation en ex-Yougoslavie pour récupérer de nombreuses archives photographiques détenues par ce pays, dont plusieurs photographes et cameramen avaient filmé des scènes de guerre et de vie quotidienne dans les maquis durant la guerre de Libération nationale. Mais surprise, les autorités de Belgrade avaient posé une condition en parfaite contradiction avec l’engagement de Tito en faveur de la révolution algérienne. Plusieurs photographes yougoslaves avaient couru les steppes caméra et appareil photographique en bandoulière, côtoyant les moudjahidine de l’ALN et participant aux batailles qu’ils ont filmées et photographiées au péril de leur vie. Ces clichés à la valeur inestimable ont été emportés dans leurs valises une fois la guerre finie et l’indépendance recouvrée. En 1962, le chef de cabinet du ministère de la Défense d’alors, le colonel Abdelkader Chabou, donna ordre à Selim Saâdi et Abdelkader Abdellaoui de se rendre dans la capitale yougoslave pour réclamer aux autorités de ce pays la restitution des archives filmées de la Révolution. Mais les deux envoyés spéciaux du ministère de la Défense seront surpris d’apprendre que l’Algérie devait, si elle voulait récupérer ses archives de guerre, débourser une somme d’argent conséquente. Notre source ne précise pas si le président Josip Proz Tito était au courant de cette condition imposée par son gouvernement à ses amis algériens, mais elle rappelle que l’un des photographes yougoslaves, Stevan Labudovic – également photographe personnel du président Tito –, avait décidé de faire don des photographies en sa possession à l’Algérie. Ce geste lui vaudra un hommage qui lui sera rendu à Alger, en mai 2007. Les négociations entre l’Algérie et la Serbie ont fini par aboutir à un accord, en vertu duquel notre pays récupérera près de 900 archives auprès de la Serbie à l’occasion du cinquantenaire de l’Indépendance. La bataille continue néanmoins pour obtenir de la France, outre la restitution d’archives, la reconnaissance des ses crimes commis en Algérie.
Sarah L.
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