La curée du cinquantenaire
Pour ceux qui, en toutes circonstances, ne perdent jamais le sens des affaires, y compris quand elles sont douteuses – cela ne présente aucun embarras pour eux –, la célébration du cinquantenaire de l’Indépendance est une occasion à ne pas rater. Un budget colossal est destiné notamment à des activités culturelles d’animation, sans lendemain, c'est-à-dire sans impact sur le développement culturel du pays. C’est le budget qui compte, le reste est sans importance pour les prédateurs. Comme d’habitude, le manque de transparence dans la sélection des opérateurs leur permet de faire main basse sur l’argent de l’Etat (c'est-à-dire des Algériens) et de s’enrichir à moindre frais. Des producteurs et réalisateurs cinématographiques ont déjà demandé qu’une commission d’enquête fasse la lumière sur le favoritisme qui a présidé au choix des bénéficiaires de projets «culturels» liés au cinquantenaire. Etrangères à la curée, les familles, et elles sont nombreuses, qui ont perdu un et parfois plusieurs êtres chers dans la guerre de Libération nationale, se suffiront de l’hommage qu’elles rendront aux martyrs. Elles n’ont nul besoin de spectacles indécents et coûteux, prétextes à enrichissement. Pour elles, la célébration du cinquantenaire de l’Indépendance est avant tout l’occasion de se remémorer les sacrifices consentis par les martyrs pour faire sortir le colonialisme de l’Algérie.
Lazhar Houari
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