Graves révélations de Samir Bouakouir sur les élections législatives de 1991 et 2012
L’interview accordée par l’ancien secrétaire national du FFS, Samir Bouakouir, à un journaliste indépendant, contient deux informations d’une extrême gravité. La première confirme le deal passé entre le parti de Hocine Aït-Ahmed et le pouvoir en place pour la participation de ce dernier aux élections législatives. La seconde met à nu une vérité que le leader du FFS tente d’occulter depuis janvier 1992, date à laquelle l’armée avait décidé d’interrompre le second tour des élections législatives qui allaient mettre le pays entre les mains d’un parti religieux extrémiste qui appelait à l’enterrement de la démocratie et à l’instauration d’un califat. Les observateurs politiques se demandent, depuis cette date, pourquoi le FFS, sous la férule de Hocine Aït-Ahmed, a basculé dans une opposition acharnée contre une institution militaire ayant pris sur elle d’interrompre un processus électoral qui menaçait le pays d’une afghanisation certaine. Aït-Ahmed, initiateur du fameux slogan «ni Etat policier ni Etat intégriste», a tourné casaque, appelant au «retour à la légitimité historique» et, plus grave, à restituer au FIS «sa victoire méritée aux élections». Aït-Ahmed militera avec un acharnement étonnant pour la tenue de la réunion fort controversée de Sant’Egidio à laquelle avaient pris part d’anciens militants du FIS exilés en Occident et coupables d’apologie du terrorisme. Plusieurs années plus tard, Samir Bouakouir admet que «la transition démocratique a été interrompue car le gouvernement de l’époque, qualifié de gouvernement des réformes, avait tenté d’enfermer le débat dans un schéma bipolaire FLN-FIS, en tentant de réformer le premier et en misant sur l’effet épouvantail que représentait le second». Bouakouir ne s’arrête pas là. Pour lui, cette «stratégie périlleuse» était «menée dans un contexte économique et financier difficile et dont le succès dépendait de l’adhésion de tous les segments du pouvoir, notamment de l’Armée». «La suite, nous la connaissons», conclut ce militant aujourd’hui en disgrâce avec la direction de son parti. Samir Bouakouir, tout en ne cautionnant pas ouvertement l’arrêt du processus électoral en janvier 1992, avoue que la stratégie des autorités politiques de l’époque sous la conduite du président Chadli Bendjedid et de son chef du gouvernement Mouloud Hamrouche était «périlleuse». Quant aux élections législatives de mai 2012, Samir Bouakouir confirme l’information révélée par «algeriepatriotique» bien avant cette échéance électorale, selon laquelle des tractations avaient eu lieu entre la direction du FFS et le pouvoir. Bouakouir donne plus de détails sur cet accord secret à la conclusion duquel il se dit étranger : «Pour être transparent vis-à-vis de l’opinion publique, je dois avouer que j’ignorais tout du rapprochement entrepris (avec le pouvoir) sous l’instigation du chef de cabinet du Président et des deux conseillers de ce dernier, l’ancien ministre Mohand Amokrane Cherifi et Salima Ghezali.»
Lina S.
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