Maître Mokhtari : «Mohamed Merah a été atteint par 87 balles»
Lors d’une conférence de presse restreinte, tenue aujourd’hui dans son bureau à Hussein-Dey (banlieue-est d’Alger), l’avocate de la famille Merah, Me Zahia Mokhtari, a déclaré que le collectif de défense constitué par le père de Mohamed Merah, pour défendre la cause de son fils, a décidé de surseoir à la démarche qu’il avait annoncée début juillet, en prévoyant de présenter les deux enregistrements vidéos qu’il dit détenir aujourd’hui même, 12 juillet, auprès du parquet de Paris, au motif que le collectif «se contente, pour l’instant, des autres preuves qui sont amplement suffisantes.» Cela dit, Me Mokhtari compte se rendre en France aujourd’hui ou demain pour déposer la plainte. Elle préfère donc, comme elle le dit, se conformer à la volonté du ministre de l’Intérieur français, Manual Valls, qui a dit, aujourd’hui devant le parlement, s’attendre à la diffusion «d’autres images» de l’affaire après la diffusion dimanche par TF1 des enregistrements des conversations entre la police et Mohamed Merah lors du siège de l’appartement du tueur au scooter. «J’ai été fortement choqué par la diffusion d’images et d’enregistrements sonores qui ont heurté les victimes et offert une tribune à un assassin terroriste», a-t-il déclaré lors d’une audition devant la Commission des lois de l’Assemblée nationale française.
A la question de savoir pourquoi elle se rétractait maintenant, la conférencière a eu cette réponse équivoque : «Un juriste sait qu’on peut démentir les vidéos.» A notre question de savoir si la diffusion par la chaîne française TF1, le 8 juillet, des enregistrements sonores ne viserait pas à «parasiter» la requête qu’elle comptait déposer aujourd’hui, Me Mokhtari l’a reconnu à demi-mot, précisant que « c’est pour cela que nous avons décidé de fermer ce chapitre». Sur ce point, Me Mokhtari révèle qu’un agent de la sécurité français l’aurait menacée de «casser » ses bandes vidéos si elle décidait d’en divulguer le contenu et que d’autres personnes l’auraient approchée pour la dissuader d’«ébruiter cette histoire», selon ses dires. Pour l’oratrice, «les images ont de quoi soulever une révolte». Elle décrit comment Mohamed Merah saignait du bras pendant qu’il se filmait et sanglotait. Autre révélation de taille : l’avocate donne le nom d’un agent «intermédiaire» marocain qui s’appelle Ben Rahou qu’elle appellera à témoigner. Par ailleurs, l’oratrice a fait savoir qu’elle a reçu un appel du père d’une victime de la tuerie, un certain Chennouf, pour lui exprimer sa confiance en la défense de Merah, et que celle-ci entend bien coopérer avec la défense des familles des victimes. Me Mokhtari évoque un autre volet de l’affaire, en soutenant que le corps de Mohamed Merah serait percé de 87 balles, et non pas de 17 comme c’est indiqué dans le rapport officiel. «Une autopsie pourra déterminer la vérité», a-t-elle déclaré.
Mohamed El-Ghazi.
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