Majed Nehmé explique la guerre en Syrie pour «algeriepatriotique» (1)
Des informations très contradictoires nous parviennent sur ce qui se passe en Syrie. Quelle est la situation exacte dans ce pays actuellement ?
Des informations très contradictoires nous parviennent sur ce qui se passe en Syrie. Quelle est la situation exacte dans ce pays actuellement ?
Majed Nehmé : Comme l’a reconnu le chef de l’Etat syrien dans son discours du 26 juin dernier, à l’occasion de l’investiture du nouveau gouvernement syrien, «nous vivons une véritable situation de guerre ! Toutes nos politiques et tous les secteurs doivent être mis au service de la victoire dans cette guerre !» Il s’agit donc d’un aveu majeur, quoique tardif, car jusqu’ici, le mot «guerre» était soigneusement évité. Le pouvoir a cherché à dédramatiser la gravité de la situation, se contentant de parler de «bandes armées», de «terroristes» ou de «djihadistes d’Al-Qaïda» infiltrés dans le pays via le Liban, la Turquie, la Jordanie et passablement via l’Irak. Pratiquement, tous les pays limitrophes, à l’exception d’Israël, participent d’une manière ou d’une autre à cette guerre ! Il a longtemps hésité avant de jeter toutes ses forces dans la balance estimant, à tort, qu’il était en mesure de venir à bout de cette rébellion armée à moindres frais. Il a d’abord surestimé la solidité du front intérieur, tout comme l’ampleur des engagements financiers et militaires des Occidentaux et des pays du Golfe en faveur de la rébellion. Il voulait également éviter de rééditer le scénario de la ville de Hama de 1982 quand Hafez al-Assad, le père de l’actuel président, y avait écrasé dans le feu et le sang, après quatre années de guérilla islamiste, un ultime soulèvement armé, sous la conduite d’Al-Tali’a al-Mouqatila (l’avant-garde combattante), branche armée des Frères musulmans syriens. Cette faction minoritaire et dissidente des Frères musulmans avait auparavant multiplié les attentats contre le régime (assassinats de personnalités scientifiques, universitaires, militaires proches du régime, liquidation de près de cent élèves de l’académie militaire d’Alep, triés selon leur appartenance religieuse à la communauté alaouite etc.), exactement comme c’est le cas aujourd’hui, mais à huis-clos, la révolution numérique n’était pas encore là.
La confrontation finale se solda par la destruction de plusieurs quartiers de la ville de Hama et le massacre de quelques milliers de ses habitants qui s’étaient solidarisé avec les rebelles en armes. Il s’en est suivi une répression implacable des Frères musulmans qui furent pourchassés, emprisonnés, exécutés ou exilés. Une loi d’exception fut par la suite promulguée condamnant à la peine capitale toute personne appartenant à cette confrérie. Dans la foulée, le régime baathiste, profitant de cette campagne d’éradication de l’organisation clandestine des Frères musulmans, étendit la répression aux forces syndicales et démocratiques de gauche qui demandaient plus de libertés et une démocratisation politique, sociale et économique du régime. Elles ont fait les frais de cette insurrection avortée des Frères musulmans. Une chape de plomb s’abattit sur le pays sans que cela gêne les Etats-Unis, les pays occidentaux et les monarchies du Golfe qui avaient à cette époque besoin de la Syrie pour pacifier le Liban, victime d’une interminable guerre civile et pour mettre au pas les organisations palestiniennes qui y avaient élu domicile…Avec la mort de Hafez al-Assad en juin 2000 et l’accession de son fils Bachar à la présidence, grâce au soutien direct de l’ancien ministre de la Défense de l’époque, Moustafa Tlass (un sunnite de Homs dont le fils, Manaf, vient de faire défection), le régime poursuivra une libéralisation timide qui donnera naissance à un éphémère «Printemps de Damas» vite réprimé. Il s’est traduit par la libération de la parole et l’éclosion de nombreux forums de débats à travers le pays, exigeant la fin de l’état d’urgence, le multipartisme et le retrait des troupes syriennes du Liban. Le système sécuritaire fut également dénoncé par les nombreuses associations des droits de l’Homme. C’en était trop pour les caciques du régime (essentiellement les services de sécurité et le parti Baath) qui avaient réussi à amener le jeune président, encore otage des différents centres de pouvoir hérités de son père, à clore ce chapitre printanier qui aura duré à peine six mois.
En dépit du coup d’arrêt de l’été 2001, qui se solda par l’arrestation de nombreux animateurs de forums de la société civile, force est de reconnaître qu’une nouvelle dynamique politique s’était déclenchée, instaurant une nouvelle atmosphère politique malgré la poursuite d’une répression qu’on pourrait qualifier de «soft» par comparaison à la phase antérieure. La chape de plomb d’une époque a, en effet, vécu. La libération d’un grand nombre de prisonniers politiques, le retour négocié et conditionnel de nombreux opposants exilés, dont des anciens membres des Frères musulmans et de baasistes irakiens, s’est amplifié. Mais ce retour n’était pas massif et était soumis à l’accord préalable des services de sécurité qui procédaient au cas par cas. Et la loi condamnant à la peine capitale toute personne appartenant aux Frères musulmans est toujours en vigueur quoique non appliquée. Instruit par l’expérience avortée du «Printemps de Damas», le régime choisit, sans doute par prudence excessive, la «voie chinoise» vers la démocratie. La perestroïka d’abord, la glasnost ensuite. Plutôt qu’une ouverture politique rapide, le parti Baath opta pour une modernisation «technique de l’économie.» Pour justifier ce ralentissement des réformes politiques, le régime invoqua également, non sans raison, les défis régionaux majeurs auxquels il fait face : poursuite de l’occupation israélienne d’une partie du territoire syrien (les plateaux du Golan occupés en juin 1967), l’impasse du processus de paix en Palestine, la situation en Irak et, last but not least, le Liban où la Syrie maintenait, jusqu’en 2005, un contingent militaire de plusieurs milliers de personnes. Car depuis l’échec de la dernière rencontre entre l’ancien président syrien Hafez al-Assad et le Président américain Bill Clinton, à Genève, en 2000, les Etats-Unis ont pratiquement abandonné leurs efforts pour aboutir à un règlement du conflit israélo-arabe (entre Israéliens et Palestiniens, entre Israéliens et Syriens et entre Israéliens et Libanais), laissant les protagonistes à eux-mêmes, donc au bon vouloir des Israéliens. Depuis l’an 2000, plusieurs événements régionaux sont venus bousculer – et retarder – le calendrier des réformes sur le plan intérieur. En voici les principaux :
1 – Le 2 mars 2000, un sommet de dernière chance eut lieu à Genève entre les présidents Bill Clinton et Hafez al-Assad, tous deux en fin de règne (Clinton étant arrivé vers la fin de son deuxième mandat qui se terminera en novembre 2000 et Hafez al-Assad étant au chapitre de l’agonie). A l’ordre du jour de ce sommet : la conclusion d’un accord de paix global entre la Syrie et Israël sur la base de la paix et de la normalisation en contrepartie du retrait des forces d’occupation israélienne aux frontières du 4 juin 1967. Un tel accord aurait ouvert la voie à un accord similaire avec le Liban et facilité la conclusion d’un accord de paix final avec les Palestiniens. Face au refus des Israéliens, soutenus par les Américains, de se retirer de la totalité des territoires syriens, la rencontre, mal préparée, se conclut, au bout de seulement deux heures de palabres, par un échec retentissant. Le 10 juin, Hafez al-Assad disparaît, emporté par la maladie laissant à son fils et successeur, ce lourd héritage. C’est dans ce contexte que le gouvernement de Ehud Barak, pensant à tort priver la Syrie d’une carte maîtresse, à savoir la carte de la résistance contre l’occupation israélienne au Sud Liban, décide de retirer unilatéralement ses forces du Liban, harcelées de plus en plus audacieusement par le Hezbollah, soutenu à la fois par la Syrie et l’Iran. C’est l’inverse qui se produit : le Hezbollah sort renforcé de cette «débâcle» israélienne. La Syrie également. Loin d’affaiblir l’emprise de la Syrie sur le Liban, elle le renforce considérablement. Désormais, le sort du Hezbollah – devenu véritable Etat dans l’Etat au Liban – et de la Syrie sont indissociable. Le retrait israélien unilatéral – mais incomplet, puisque Israël maintient son occupation des hameaux de Cheb’aa, sous prétexte qu’ils appartiennent à la Syrie – du Liban ne régler donc rien et n’aboutit pas à la signature d’un traité de paix séparée avec le gouvernement libanais.
2 – Parallèlement à l’intransigeance israélienne sur les fronts libanais et syrien, l’échec des négociations de camp David et de Taba entre Palestiniens et Israéliens, sous l’égide des Etats-Unis, la même année 2000, déclenchent la deuxième Intifada dans les territoires occupés. Une Intifada soutenue par la Syrie. Au grand dam de la nouvelle administration américaine dominée, avec G.-W. Bush, par les néo conservateurs. Les attentats du 11 septembre 2001, qui conduisirent les Etats-Unis et leurs alliés à occuper l’Irak deux ans plus tard, en 2003, mettent le régime syrien sous pression. Bien que totalement engagée dans la lutte contre le terrorisme, main dans la main avec les pays occidentaux et arabes, la Syrie s’opposa fermement à la guerre contre l’Irak, en dépit du fait que les relations entre Damas et Bagdad étaient détestables. Ainsi, juste après la chute de Bagdad, Colin Powell, le secrétaire d’Etat américain, se rend à Damas porteur d’un ultimatum on ne peut plus clair. Il exigea du président syrien de ne pas aider la résistance à l’occupation américaine de l’Irak (près d’un million et demi d’Irakiens se réfugient en Syrie), de chasser les organisations palestiniennes basées en Syrie, dont le Hamas, accusées de terrorisme, de rompre toute coopération stratégique avec le Hezbollah libanais et l’Iran, et de retirer l’armée syrienne du Liban. Et gâteau sur la cerise : démanteler ses programmes d’armes chimiques et balistiques. Tout cela sans contrepartie concrète. Bachar al-Assad rejeta en bloc toutes les clauses de cet ultimatum. Une guerre totale (économique, clandestine mais aussi politique) pour renverser le régime syrien est engagée, mais cette fois-ci avec la complicité de la France et de l’Arabie Saoudite.
3 – Le 11 novembre 2003, le Congrès américain vote une résolution – dite Syria Accountability Act – autorisant le président des États-Unis à édicter, quand il le déciderait, des sanctions contre Damas. Des sanctions qui n’ont pas tardé à se concrétiser. Un an plus tard, le 2 septembre 2004, le Conseil de sécurité de l’ONU adopte, à l’initiative conjointe de la France et des États-Unis, par 9 voix sur 15, et 6 abstentions, la résolution 1559 qui appelle «au respect de la souveraineté et de l’indépendance politique du Liban, au retrait de toutes les troupes étrangères de son sol, au désarmement des milices (entendre le Hezbollah) et à une élection présidentielle libre et équitable». Pour mémoire, l’Algérie, le Brésil, la Chine, le Pakistan, les Philippines et la Russie s’étaient abstenus estimant que cette résolution constituait une ingérence dans les affaires intérieures du Liban. Cette résolution visait en fait à empêcher le renouvellement du mandat présidentiel d’Emile Lahoud, un allié sûr de Damas et du Hezbollah, que la Syrie, sentant la difficile période d’incertitude qui s’ouvre devant elle dans la région, voulait à tout prix le voir reconduit. Ces menaces n’ont pas dissuadé Bachar al-Assad de continuer à tenir tête aux Etats-Unis, à la France et à leurs alliés régionaux, particulièrement l’Arabie Saoudite (à l’époque le Qatar, qui était en conflit avec Riyad, soutenait la Syrie du bout des lèvres). Le soutien syrien au Hezbollah, au Hamas et l’alliance stratégique avec l’Iran se poursuivait donc. Le général Lahoud est réélu pour un deuxième mandat présidentiel au prix d’un amendement constitutionnel, malgré l’opposition initiale du président du Conseil des ministres Rafiq Hariri (il se résigne à la fin d’accepter le fait accompli). Et le contingent militaire et sécuritaire syrien au Liban est maintenu, quoique réduit considérablement (de 40 000 hommes il passe, en 2004, à seulement 15 000).
4 – C’est dans ce cadre qu’un événement majeur intervint : le 14 février 2005, l’ancien président du Conseil est assassiné dans un attentat suicide à la camionnette piégée à Beyrouth. La Syrie et ses alliés sont immédiatement montrés du doigt. Face à l’indignation médiatique et politique d’une partie des Libanais, et dans le monde, la Syrie retire ses dernières troupes du Liban quelques semaines après cet assassinat. Les principaux piliers du régime libanais allié à la Syrie sont pourchassés et arrêtés. Le Conseil de sécurité des Nations unies vote, dans la foulée, le 7 avril 2005, la résolution 1595 créant une commission d’enquête sur l’assassinat de Rafiq Hariri. La Syrie s’incline sans rompre, allant même jusqu’à coopérer avec cette commission d’enquête qui n’a apporté jusqu’ici (2012) aucune preuve crédible sur l’implication de Damas et du Hezbollah dans cet assassinat qui n’a servi, en fin d’analyse, que ses adversaires. Les investigations de la commission d’enquête et le tribunal spécial censé juger les assassins présumés de Hariri n’ont abouti à rien d’autre que de servir d’épée de Damoclès que les Occidentaux brandissent contre leurs adversaires : la Syrie, le Hezbollah et l’Iran. Jusqu’ici, les enquêteurs se sont interdit de pousser leurs investigations en direction des services occidentaux et israéliens ou vers la piste djihadiste pourtant avancée dès les premiers jours du crime. Ce qui a amené de nombreux juristes à accuser ces instances d’instrumentalisation politique.
5 – C’est dans ce contexte défavorable au régime syrien, plus isolé que jamais, mais toujours combatif et récalcitrant face aux exigences des Etats-Unis englués dans le bourbier irakien, qu’éclata la guerre du Liban en juillet 2006. Elle se révéla très bénéfique pour le régime.
Le 12 juillet 2006, au matin, un commando du Hezbollah libanais s’attaqua à une patrouille israélienne à la frontière entre les deux pays, tuant huit soldats israéliens et enlevant deux autres. Cette action audacieuse faisait partie, depuis 2000, de la stratégie du Hezbollah qui cherche à utiliser les prisonniers israéliens capturés comme monnaie d’échange pour faire libérer les milliers de prisonniers libanais, palestiniens et arabes (environs 11 000) détenus en Israël, certains depuis des décennies. Un autre objectif de cette opération : amener Israël à mettre fin à son occupation des hameaux libanais de Cheb’aa dont il s’est emparé depuis 1967. Plusieurs opérations de ce genre avaient eu lieu dans le passé sans que cela ne dégénère en guerre totale. Cette fois-ci, le commandement militaire israélien en a décidé autrement. Le gouvernement israélien d’Ehud Olmert, encouragé par l’Administration américaine, voulait en découdre une fois pour toute avec le Hezbollah, allié de la Syrie et de l’Iran. Liquidé, le Liban tomberait définitivement dans l’escarcelle de l’Occident et de ses alliés. La Syrie ne tarderait pas à tomber à son tour, suivie par l’Iran. Le Grand Moyen-Orient cher aux néoconservateurs deviendrait une réalité. C’est ce qui explique la réaction israélienne disproportionnée à cette opération hardie du Hezbollah. Contre toute attente, le Hezbollah libanais, soutenu par la Syrie, sort victorieux de cette mini-guerre, malgré les énormes dégâts infligés aux infrastructures libanaises. L’offensive israélienne dura 34 jours sans atteindre son objectif affiché : détruire le Hezbollah. Elle coûta la vie à 1 200 Libanais, majoritairement des civils, contre 163 Israéliens dont 119 soldats. Pour les Israéliens c’est une véritable débâcle stratégique. L’armée israélienne qu’on dit la plus puissante du Moyen-Orient ne parvint pas à vaincre la résistance libanaise. Mais c’est aussi une défaite politique majeure pour les Etats-Unis, la France et ses leurs supplétifs arabes (l’Arabie Saoudite, la Jordanie et l’Egypte qui avaient condamné le Hezbollah plutôt que l’agression israélienne). Par contre, la Syrie et l’Iran ont pavoisé. Le président syrien Bachar al-Assad, jusqu’ici sur la défensive, n’a pas eu la victoire modeste. Dans un discours célébrant la «victoire de la résistance», il qualifia la troïka arabe qui avait juré sa perte (le roi d’Arabie, le roi de Jordanie et le président Moubarak) de «demi-portions». La guerre entre l’axe pro-syrien et l’axe pro-saoudien est désormais totale, malgré une relative trêve. La déstabilisation de la Syrie est désormais programmée.
Une nouvelle étape dans cette guerre : le 27 décembre 2008, l’armée israélienne lança une opération d’envergure contre la bande de Ghaza contrôlée par le Hamas, qui était alors soutenu par la Syrie. Mais cette guerre, malgré les dégâts humains subis par les Palestiniens, ne parvint pas à mettre le Hamas à genoux. La guerre se termine le 18 janvier 2009 sans que l’armée israélienne, au moral atteint et à la réputation ternie, réalise ses objectifs. On l’aura compris, à travers l’encerclement de la Syrie, c’est son alliance avec l’Iran, le Hezbollah et le Hamas qui était visée. La manière forte ayant échoué, les Etats-Unis et leurs alliés vont essayer d’utiliser la carotte. Ce rôle d’aguicheur pour casser l’alliance entre Damas et Téhéran reviendra à la France (et à l’Union européenne), à la Turquie et au Qatar. En contrepartie de cette main tendue, il est désormais demandé à la Syrie (dont le président Bachar sera accueilli en grande pompe dans les capitales européennes) de s’insérer dans la mondialisation. Une option qui se révéla autrement plus productive pour les Occidentaux que le bâton. Un partenariat économique et stratégique est également signé avec la Turquie. Il s’agissait d’une erreur stratégique fatale que les couches les plus vulnérables de la société syrienne, notamment la paysannerie, paieront le prix. La libéralisation économique, la levée des barrières douanières avec la Turquie, une longue et sévère sécheresse de quatre ans, transformera la paysannerie syrienne en sous-prolétariat autour des villes. Or, ce sont ces couches qui seront la chair à canon de cette contestation. Il faut reconnaître que le pouvoir syrien, autiste ou berné par le mirage de la libéralisation économique sauvage, a mis du temps à réaliser à quel point cette politique d’ouverture économique, combinée à un blocage politique, a ébranlé les fondements sociaux du régime et a éloigné de lui de larges couches qui n’acceptaient l’autoritarisme que tant que la contrepartie était le maintien d’une paix sociale fondée sur la satisfaction des besoins minimaux : logement, pouvoir d’achat, système de santé… D’autant que cette ouverture économique avait aggravé le fléau de la corruption. A cela il faudra ajouter la gestion initiale de la crise par un appareil sécuritaire aussi autiste qu’arrogant. Maintenant, au bout d’un an et demi de rébellion, et après de longues hésitations, le régime revient à une politique qui avait fait ses preuves dans le passé : fin du libéralisme sauvage parallèlement à l’engagement massif de toutes ses forces militaires et sécuritaires dans le combat.C’est en tout cas la lecture qu’on est en droit de faire de l’allocution télévisée de Bachar al-Assad aux ministres du nouveau gouvernement syrien, lors de leur première réunion officielle : guerre totale contre la rébellion et ses soutiens extérieurs et guerre totale contre les lois libérales qui avaient poussé la paysannerie et le lumpenprolétariat dans la révolte. Quant aux réformes substantielles, elles n’interviendraient qu’une fois la paix rétablie.
Interview réalisée par Ramdane Ouahdi
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