Les détails de la libération des otages enlevés à Tindouf
Des sources maliennes très au fait du dossier des groupes terroristes qui sévissent dans le nord de ce pays révèlent que le Mujao, groupe terroriste dissident d’Al-Qaïda, compte se retirer de Gao après avoir obtenu la somme de 15 millions d’euros en contrepartie de la libération des otages occidentaux enlevés à Tindouf, dans le sud-ouest algérien. Le groupe, indiquent ces sources, avait, dans un premier temps, réclamé le double, soit 30 millions d’euros aux Espagnols et aux Italiens pour épargner la vie de leurs ressortissants détenus au Mali. Les otages, une fois libérés, grâce à une intermédiation du Burkina Faso, ont embarqué à Gao à bord d’un avion dépêché par ce pays voisin, à destination d’Ouagadougou. La rançon payée par l’Espagne et l’Italie aux terroristes du Mujao n’est pas la seule monnaie d’échange, indiquent encore les sources maliennes. La transaction aurait également concerné la libération d’un terroriste détenu en Mauritanie, alors que les ravisseurs exigeaient la remise en liberté de plusieurs terroristes emprisonnés dans ce pays ainsi qu’en Algérie. Les sources maliennes s’interrogent sur la propension des capitales occidentales à céder, à chaque fois, au chantage des groupes armés, rappelant que l’ancien président malien déposé, Amadou Toumani Touré, avait, en son temps, fait l’objet de critiques pour avoir lui-même encouragé le paiement de rançons pour la libération d’un otage français détenu par Aqmi. Une démarche qui avait suscité la colère d’Alger et de Nouakchott, rappellent encore ces sources, qui s’en prennent au président du Burkina Faso, dont le rôle d’intermédiaire dans la libération d’otages occidentaux laisse planer le doute sur son rôle dans ces transactions qui permettent aux groupes armés de s’enrichir : «Abdoul Hakim et ses hommes ont créé depuis des années une entreprise criminelle grâce à laquelle ils excellent et prospèrent dans la prise, l’achat et la revente d’otages occidentaux», dénoncent les sources maliennes, qui croient savoir, selon des informations en provenance des habitants qui côtoient le Mujao à Gao, que ce dernier serait prêt à se retirer du nord où beaucoup des membres de ce groupe terroriste ont des liens étroits avec des familles de cette localité qui échappe totalement au contrôle du pouvoir central malien. La jonction entre le terrorisme islamiste et le grand banditisme n’a jamais été aussi clairement démontrée que dans ces affaires d’enlèvement et de rançonnement, aggravées par la situation chaotique qui sévit en Libye. D’un côté, l’argent coule à flot, de l’autre, les armes circulent en grandes quantités. Derrière cette situation, un Occident pressé d’en découdre avec Kadhafi sans en avoir étudié les conséquences désastreuses sur une région fragilisée par l’instabilité et la misère.
Lina S.
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