Un musulman sur trois est victime de discrimination en Europe
Le Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, Nils Muižnieks, dénonce la discrimination et les contrôles abusifs auxquels sont soumis les musulmans. Des contrôles renforcés en ce mois sacré de Ramadhan. Dans un communiqué de presse mis sur le site de cette instance paneuropéenne, le commissaire met en avant les résultats d’une étude récente de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA), selon lesquels, dans l’UE, un musulman sur trois a été victime de discrimination au cours des 12 mois précédents, les jeunes étant les plus touchés. Pour appuyer ce constat affligeant, le commissaire se réfère à un autre rapport qui vient d’être publié par Amnesty International, selon lequel nombre de femmes musulmanes estiment n’avoir aucune chance de trouver un emploi à cause des politiques limitant le port de symboles ou de tenues à caractère religieux ou culturel. « Les musulmans d’Europe se heurtent régulièrement à diverses formes de préjugés, de discrimination et de violence qui renforcent leur exclusion sociale», atteste-t-il. Faisant un tour d’horizon des multiples discriminations dont sont victimes les musulmans d’Europe, il exhorte les gouvernements européens à «renoncer aux lois et mesures visant spécialement les musulmans et interdire la discrimination fondée sur la religion ou les convictions dans tous les domaines». Parmi ces lois, celle interdisant le voile intégral dans les lieux publics en France et en Belgique, la loi antiterroriste en Italie qui interdit aux femmes de se couvrir le visage et celle qui interdit les minarets en Suisse. «De grands partis ont exploité la défiance à l’égard des musulmans en soutenant des mesures législatives restrictives dirigées contre cette population», dénonce-t-il, invitant les gouvernements à permettre à des ombudsmans (médiateurs) et à des organismes de promotion de l’égalité indépendants d’examiner les plaintes, de donner des conseils juridiques aux victimes et de les représenter en justice. Il condamne par la même les contrôles au faciès qui sont assimilés à du racisme. «L’étude de la FRA précise qu’un quart des musulmans interrogés ont été arrêtés par la police l’année précédente et qu’ils sont un tiers à avoir été arrêtés par les services des douanes ou du contrôle aux frontières», souligne-t-il. Pour le commissaire européen aux droits de l’Homme, rien ne justifie de telles pratiques. «Depuis les attentats terroristes du 11 Septembre, les musulmans sont inextricablement liés au terrorisme dans l’opinion publique. Or, certains des actes les plus horribles commis en Europe ces dernières années (la série de meurtres racistes en Allemagne et le massacre prémédité de dizaines d’innocents par un extrémiste en Norvège) nous rappellent que l’extrême droite présente aussi des dangers et que les terroristes n’ont pas tous les mêmes motivations idéologiques», soutient-il. Nils Muižnieks appelle ainsi les gouvernements européens à combattre les préjugés et l’intolérance à l’égard des musulmans.
Sonia B.
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