Affaire Merah : des documents secrets transmis à la justice française
Le ministre français de l'Intérieur, Manuel Valls, a déclassifié et transmis aujourd’hui des pièces à conviction et des documents secrets de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) aux juges d’instruction chargés de l’affaire Mohamed Merah. Le ministre «a décidé de suivre la proposition de la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN). Cette dernière s'est prononcée favorablement à la levée du secret sur les documents classifiés par la DCRI», indique un communiqué du département de Valls. «Ces documents déclassifiés ont donc été transmis, ce vendredi 3 août, aux juges chargés de l'instruction», précise-t-on Place Beauvau. Trois juges antiterroristes – Christophe Teissier, Laurence Le Vert et Nathalie Poux – enquêtent sur les crimes de Mohamed Merah, ce Franco-Algérien de 23 ans qui s’est revendiqué de la nébuleuse d’Al-Qaïda lors de ses conversations avec les policiers durant le siège de son appartement en avril dernier à Toulouse. L’authenticité de ces conversations reste à vérifier, d’autant plus que d’autres vidéos détenues par l’avocate de la famille Merah suscitent beaucoup de zones d’ombre, notamment en ce qui concerne ses rapports avec la DCRI. Pour rappel, Mohamed Merah a assassiné sept personnes entre les 11 et 19 mars, dont trois militaires d’origine maghrébine. Il a été tué par la police le 22 mars après un siège de 32 heures de son domicile à Toulouse. Les documents transmis à la justice concernent la surveillance exercée par les services de renseignement français sur Merah. Avant qu'il ne commette ses crimes, le jeune homme avait été placé, un temps, sous la surveillance des services de renseignement. Il avait été entendu à l'antenne toulousaine de la DCRI en novembre 2011, au retour d'un voyage au Pakistan. Une discussion entre Merah et un agent du DCRI a été récemment diffusée par une chaîne française. Lors de cette discussion, Mohamed Merah, à la voix enrouée, affirmait qu’il appartenait à l’organisation terroriste d’Al-Qaïda. Mais aux yeux de la famille de Merah, cet enregistrement n’est pas fiable car sa voix était méconnaissable. Le père de ce jeune tueur a déposé plainte contre X en juin dernier auprès du tribunal de Paris pour l’assassinat de son fils. Une plainte qui devrait être appuyée par des preuves tangibles, dont deux enregistrements vidéo, selon lesquelles les unités d’élite de la police toulousaine l’auraient exécuté.
Sonia B.
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