Salafranca : «Je ne suis pas un homme de complaisance»
«Je rejette entièrement les accusations selon lesquelles j’ai négocié le contenu du rapport avec les autorités algérienne», a déclaré, aujourd’hui à Alger, le chef observateur de la mission européenne aux élections législatives du 10 mai, José Ignacio Salafranca Sánchez-Neyra, dans une conférence de presse à l’hôtel Sofitel. «Ceux qui m’accusent de complaisance me connaissent mal. Je ne suis pas à ma première mission. J’en ai fait plusieurs dans des pays comme le Liban (2005 et 2009), le Mexique (2006) et le Pérou (2011). Des missions que j’ai remplies déjà vis-à-vis de ma conscience», poursuit-il, en réponse à la question d’un journaliste sur la crédibilité du rapport de sa mission d’observation. José Ignacio Salafranca rappelle le rôle de cette mission parlementaire, affirmant qu’elle ne fait pas «fonction d’un arbitre ou d’un tribunal pour donner des leçons». Cette mission a été «pleinement accomplie», précise-t-il. M. Salafranca, qui a remis jeudi dernier le rapport final aux autorités algériennes, estime ainsi que rien ne justifie les accusations de «légèreté» formulées par certains partis politiques et quelques médias à son encontre. Le chef observateur de la mission européenne est revenu tout au long de sa conférence de presse sur les principaux points du rapport final sur les élections du 10 mai dernier. Il estime que, globalement, les élections se sont bien déroulées, soulignant la bonne organisation logistique. La Mission relève des aspects «positifs» du processus électoral dont l’augmentation du nombre de partis politiques et des listes indépendantes par rapport aux scrutins précédents. Cela a permis, d’après la mission, d’élargir l’offre politique. Autre point apprécié par les observateurs européens, l’instauration de mécanismes additionnels de l’opération du vote tels que la Cnisel et la CNSEL, l’incorporation des urnes transparentes et de l’encre indélébile comme instrument supplémentaire de vérification lors des opérations de vote, et l’entrée de 143 députés femmes dans la nouvelle Assemblée. La Mission, qui assure avoir eu de bonnes capacités d’observation pour juger le déroulement de l’élection, n’évoque nullement des cas de fraude. Elle relève cependant une série d’éléments susceptibles d’être améliorés lors des consultations à venir. Il s’agit notamment du système d’enregistrement des électeurs, «qui présente certaines faiblesses structurelles, principalement en raison de l’absence de consolidation nationale du fichier électoral». La mission met en avant ainsi le fait que ce fichier électoral ne peut pas faire l’objet d’un contrôle avéré de la part des partis politiques et candidats indépendants. Elle estime également que la transparence des opérations de vote pourrait être améliorée à travers l’affichage public des résultats au niveau communal, lequel affichage était d’ailleurs absent dans 36% des commissions observées. Elle recommande aussi la remise systématique d’une copie certifiée des résultats aux représentants des partis politiques et des candidats pourtant présents. Cela, constate la mission, n’a pas été fait dans 17% des commissions observées. La Mission reproche également aux autorités, le ministère de l’Intérieur en tête, de n’avoir pas publié les résultats détaillés. Cette non-publication a faibli, d’après le chef de la mission, la transparence de ce processus électoral. José Ignacio Salafranca critique en outre le système de la proportionnelle qui pénalise les petits partis. Le chef de la mission d’observation a indiqué qu’il ne s’agissait là que de recommandations. «Nous n’avons ni la vocation ni les capacités de les imposer à un pays souverain», précise-t-il, affirmant que le ministre de l’Intérieur lui avait assuré qu’il allait les étudier minutieusement et voir dans quelle mesure il pourrait les appliquer. Questionné sur la présence ou pas de sa mission lors des élections locales du 29 novembre prochain, José Ignacio Salafranca précise que l’UE n’a pas vocation à être présente dans des élections à caractère local. «Nous n’avons pas l’habitude d’assurer l’observation du déroulement des élections locales». Mais, d’après lui, tout dépend de la volonté des autorités algériennes.
Sonia B.
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