Un dirigeant d’Ennahda tabassé par des salafistes lors d’un colloque

La violence religieuse ne s'arrête pas en Tunisie. Au contraire. Elle s'est accentuée durant le mois sacré de Ramadhan. Ainsi, un extrémiste religieux tunisien, appartenant à l'aile la plus dure des salafistes, a violemment agressé, en plein colloque sur la tolérance religieuse à Kairouan, des exégètes connus dans cette Tunisie qui fait face depuis la chute du dictateur Zine El-Abidine Ben Ali à une montée effrénée des radicaux. Ces derniers profitent de la faiblesse de l'Etat, en plein transition, pour investir les espaces publics en faisant preuve d'une violence inouïe. L'agresseur, un certain Mohamed Thameur Wahada, la quarantaine, membre du bureau local du parti islamiste au pouvoir, a commencé par s’en prendre à l’écrivain Youssef Seddik, l’accusant d’avoir offensé la mémoire de Aïcha, l’épouse du Prophète, exigeant sa sortie de la salle de l’hôtel où se tenait la conférence sur la tolérance religieuse. Il s’en est pris ensuite au cheikh Abdelfattah Mourou, une icône religieuse, qui a essayé de le calmer et de lui expliquer qu’il se trompe sur le cas de M. Seddik. «C’est ainsi qu’il s’est emporté contre le cheikh lui reprochant d’avoir chanté à la télévision, ce qui à ses yeux constitue un blasphème. Subitement, il prend un verre et le lui lance sur le front. Le cheikh s’évanouit, baignant dans son sang», raconte un journaliste tunisien, présent sur place. La conférence sur la tolérance religieuse s’est donc terminée avant même de commencer à cause d'un comportement des plus intolérants. Un coup d’éclat d’un extrémisme religieux des plus répréhensibles. Le plus inquiétant dans ce pays, secoué par ce fameux «printemps arabe», ce sont les nombreuses réactions notamment sur les réseaux sociaux saluant l'agression de ce salafiste comme s'il s'agissait d'un acte héroïque au service de l'islam ou d'un geste pieux défendant la sacralité du prophète Mohamed. Des réactions qui devraient inquiéter encore plus les laïco-modernistes tunisiens qui voient les espaces de liberté se rétrécir de jour en jour sous la gouvernance du parti Ennahda. Natif de Kairouan en 1969, l'agresseur salafiste a intégré dès sa jeunesse des groupes extrémistes, ce qui lui a valu des poursuites judiciaires sous l’ancien régime. Il a été condamné en 2007 sur la base de la loi antiterroriste et il doit sa libération à l’amnistie générale proclamée en mars 2011. Laissant le champ libre aux salafistes, le gouvernement Ennahda, affinités oblige, traduit rarement en justice les responsables d'actes d'agression. La situation n'augure rien de bon pour ce pays voisin qui vit surtout de ses recettes touristiques qui sont en chute libre depuis le début de la révolution qui sent le musc plutôt que le jasmin.
Sonia B.
 

Comment (2)

    Yellu
    9 août 2012 - 7 h 58 min

    L’islamisme s’attrape à
    L’islamisme s’attrape à l’école, le ver est dans le fruit. En nettoyant l’école, l’intégrisme se tarira de lui même.

    Ezzine
    7 août 2012 - 10 h 54 min

    Pour mettre fin à
    Pour mettre fin à l’usurpation de la doctrine – salafiste – par ces humanoïdes il faut avant qu’il ne soit trop tard écimer par tous les moyens la tête des vipères saoudiennes et qataries qui les font sauvagement nourrir avec le sang des innocents. La connivence d’Israël et des Usa aidant le risque de leur multiplication est grand.

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