«Belkhadem a menti sur le mandat de l’APN pour faire croire à un putsch»
«Je nourris un grand respect pour le Front de Libération nationale mais pas pour son chef actuel», a déclaré le général Khaled Nezzar dans un entretien téléphonique avec Algeriepatriotique. Interrogé sur la dernière position du FLN au sujet de l’affaire de l’ingérence de la justice suisse dans les affaires internes de l’Algérie, le général Nezzar a indiqué que «les positions honorables de ce parti historique» ne l’étonnaient pas, mais que son secrétaire général «a pêché en eau trouble durant la décennie noire». L’ancien ministre de la Défense accuse Abdelaziz Belkhadem d’avoir menti sur un sujet «dont la gravité appelle les uns et les autres à prendre conscience de l’importance de leurs actes et de l’impact de leurs déclarations sur le cours des événements». «Belkhadem a menti s’agissant de l’arrêt du processus électoral de janvier 1992. Il a déclaré à maintes reprises qu’il n’y avait pas de vacance de pouvoir lorsque le président Chadli avait décidé de démissionner, alors qu’il a lui-même présidé la dernière session et annoncé la fin de mandat de l’Assemblée qu’il dirigeait.» Pour le général Nezzar, cette contrevérité vise à faire croire à l’opinion publique que l’armée a commis un coup d’Etat en forçant le président Chadli à partir et en foulant au pied les lois de la République «pour prendre le pouvoir». En effet, affirmer que le mandat de l’APN était encore valide signifie implicitement que l’armée a renversé le président et confisqué les prérogatives du Parlement. «Or, souligne l’ancien membre du HCE, Belkhadem se contredit totalement, puisque la presse de l’époque a repris son propre discours, prononcé devant les députés et les membres du gouvernement, dans lequel il annonçait officiellement la clôture de la session de l’automne et la fin du mandat parlementaire.» Les recherches effectuées par Algeriepatriotique confirment que Le Soir d’Algérie – entre autres – du 1er janvier 1992 avait effectivement repris les propos de Belkhadem tenus le lundi 30 décembre, dans l’après-midi, à l’hémicycle de Zighoud Youcef. L’actuel secrétaire général du FLN, rapportaient les journaux, «a fait une rétrospective sur le rôle de l’APN depuis son premier mandat en 1977 jusqu’en 1991, en passant par l’ère du multipartisme consacrée par la Constitution de 1989». «Après avoir souligné le rôle de l’Assemblée dans la mise en place du processus démocratique et l’aboutissement des réformes, lit-on encore, le président de l’APN a mis en relief les circonstances dans lesquelles intervient la fin du mandat parlementaire, marquée par des mutations profondes tant au plan politique et économique que social». Belkhadem avait émis le vœu de voir «la future Assemblée populaire œuvrer dans le sens de la préservation de l’unité et de la dignité du peuple algérien». Ce dernier passage d’Abdelaziz Belkhadem a toute son importance, explique le général Khaled Nezzar : «En mettant en relief les circonstances particulières dans lesquelles est intervenue la fin du mandat, Belkhadem faisait allusion à la date du déroulement des élections anticipées voulues et imposées par le FIS en utilisant la violence et les intimidations», explique-t-il, en ajoutant que si Belkhadem avait émis le vœu que soient préservées l’unité et la dignité du peuple algérien, c’est qu’il admettait que ces dernières étaient menacées. A notre question : pourquoi, alors, Abdelaziz Belkhadem dit-il la chose et son contraire ? Khaled Nezzar esquisse une réponse : «Belkhadem fait partie de cette caste de politiciens qui souhaitaient que l’armée accomplisse la partie ingrate de la tâche pendant qu’ils en tirent les dividendes.»
Sarah L.
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