Les salafistes tunisiens sur les traces de l’ex-FIS
Les salafistes tunisiens multiplient les coups spectaculaires. Mardi soir, ils se sont attaqués à une maison de la culture, empêchant la production d’un spectacle comique. Ce spectacle intitulé 100% halal qui devait être assuré par un célèbre comédien tunisien, Lofti Abdelli, a failli tourner au vinaigre tant les salafistes étaient déterminés à en découdre avec celui ou ceux qui oseraient se dresser devant eux, racontent des témoins oculaires. Pourtant, ce spectacle a organisé par le ministère de la Culture. Ce dernier a vivement réagi dans un communiqué à travers lequel il dénonce cette «attaque, par des personnes associées à la mouvance salafiste, de la maison de la culture Bayrem-Ettounsi, dans la ville de Menzel-Bourguiba». Il considère ce genre d'agissements comme «une atteinte à la liberté d'expression» et «une menace dangereuse pour le droit à la culture». Il affirme avoir porté plainte. Le comique a, pour sa part, indiqué à radio Mosaïque FM que l'imam de la ville avait appelé à empêcher le spectacle, accusant M. Abdelli d'offenses à l'islam. «Des barbus se sont présentés à mon spectacle. Ils ont posé leurs tapis de prière dans la salle de spectacle le matin et ont dit qu'ils allaient prier toute la journée ici», a-t-il raconté. Les forces de l’ordre, présentes sur les lieux n’ont pas reçu l’ordre d’intervenir. Le gouvernement du parti islamiste Ennahda laisse faire, au nom justement du «respect de la liberté d’expression». Un concept en vogue dans le monde arabe derrière lequel les nouveaux régimes se cachent pour accomplir leur programme d’islamisation par le bas. C’est d’ailleurs ce que fait de manière pernicieuse le gouvernement tunisien. Le double jeu de ce gouvernement, qui essaie de vendre l’image d’un islam politique modéré en Tunisie, semble beaucoup inquiéter les citoyens de ce pays qui vit essentiellement du tourisme. Cette inquiétude est aggravée par l’annonce par le gouvernement Ennahda d’un projet de loi qui prévoit de lourdes peines de prison contre les atteintes au sacré. Un projet qui est maintenu malgré avoir été dénoncé par des ONG et des opposants, pour qui ce projet de loi est excessif, d’autant qu’il existe des lois qui sanctionnent les atteintes à l’islam et à ses symboles. D’ailleurs, deux jeunes tunisiens ont été condamnés en juin à de lourdes peines de prison pour trouble à l'ordre public et atteinte à la morale après avoir publié sur Facebook des caricatures du prophète Mohammed. Autant dire qu’Ennahda est actuellement sur les traces de l’ex-FIS dissous. Sauf que le parti islamiste tunisien semble moins brutal et préfère aller en douceur…
Sonia B.
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